
Comme tous les ans, vers 13 heures la circulation se fait moins dense, les gens rejoignent leur famille, les boutiques commencent à baisser rideau et le bruit de la vie cesse petit à petit. Il y a encore quelques retardataires qui effectuent les achats de dernière minute en prévision de la sortie du jeûne. Depuis le matin les marmites sont sur le feu pour préparer le repas du lendemain soir, moment oh bienfaiteur où l’on pourra enfin boire et manger. On s’affaire aux dernières petites choses à faire car ce soir à 17 h 10 c’est l’entrée de Kippour.
Déjà vers 16 heures il n’y a pratiquement plus de voitures qui circulent seuls les véhicules de secours, sont autorisées à rouler et se mettent en place pour aider la population s’il y a des urgences. Vers 17 heures nous prendrons notre dernier repas et boirons nos derniers verres, avant d’entamer le jeûne de kippour qui dure 25 heures.
A 18 h 00 la rue sera prise d’assaut par les piétons, les femmes et les enfants de blanc vêtus (coutume sépharade) se rendront à la synagogue pour prier, se promèneront dans les jardins et se retrouveront en famille.
Comme chaque année, le pays est en état d’alerte maximum et nous sommes toujours sous la menace d’une éventuelle attaque qui pourrait venir du Hamas, du Hezbollah ou même de l’Iran. A 17 h 10 nous serons coupés du monde et ça peut parfois être un peu flippant. Les télévisions n’émettent plus, l’aéroport est bouclé et nous sommes vraiment seuls au monde.
Pourtant c’est agréable, la rue appartient aux piétons, les parcs sont remplis d’enfants qui s’ébattent, il n’y a plus de bruit d’avion, tout est paralysé et c’est le calme qui domine.
Yom Kippour c’est le jour du grand pardon, le jour de la repentance, un jour de prière et de réflexion. Ce jour là nous pensons aux erreurs commises, au mal que l’on a pu faire aux autres, et aux offenses que nous aurions pu commettre vis-à-vis de Dieu.
Ma poule finit de cuire, il est de coutume chez les juifs Tunisiens de consommer la poule farcie avec les cheveux d’Ange et de briser le jeûne avec une citronnade additionnée de fleur d’oranger. Je me suis habituée à toutes ces coutumes et si préparer la poule me semblait insurmontable au début, maintenant je le fais facilement.
Je me souviens des kippours en France, c’était plus difficile car la vie continuait tout autour….en même temps nous n’étions pas seuls comme aujourd’hui. Nous allions à Drancy chez mes beaux parents. Dans l’après-midi nous nous rendions à la synagogue, à pied, il fallait parcourir plus d’un bon kilomètre mais en général il ne faisait pas très chaud, ce n’était pas difficile… ma belle mère nous donnait à chacun du chocolat pour la sortie du jeûne car il nous fallait revenir et elle avait toujours peur que nous ne tenions pas le coup.
A la synagogue lors de la prière finale, nous nous regroupions par famille sous le taleth (châle de prière) et c’était un moment fort, on se disait toujours « l’année prochaine à Jérusalem »……et le shofar retentissait, l’émotion alors nous prenait aux tripes, on se demandait si Jérusalem on y serait un jour……
De retour à la maison, ma belle mère avait préparé une table digne d’un repas de communion… il y en avait partout, des mets salés, des mets sucrés et quel bonheur de se retrouver en famille autour de cette table. Mon beau père préparait la citronnade, il n’y avait que lui qui savait la faire comme ça…. C’était un rituel, on le regardait faire, en silence….sa citronnade sentait bon le soleil et la Tunisie……
Demain quand nous nous lèverons, Jules me dira pour m’encourager que nous avons déjà effectué la moitié du temps, il me dit toujours ça…… la journée s’écoulera lentement, elle sera plus difficile à partir de 16 heures, car la tête commence à tourner, on souffre beaucoup de la soif et on a parfois du mal à tenir debout.
Une heure avant la sortie de Kippour Jules ira à la synagogue, peut-être que Rébecca l’accompagnera, peut-être pas, ça dépend des années. Moi je resterai à la maison, car je n’aurai pas la force d’y aller et peut-être pas l’envie non plus….. je guetterai l’arrivée des trois étoiles dans le ciel qui commencera à s’assombrir et quand j’entendrais le son du shofar, je saurai que le jeûne est terminé. Alors je préparerai la table, je mettrai la poule à chauffer et petit à petit les voitures reprendront la route, les chaines de télévision commenceront à émettre et les premiers avions fendront le ciel…
La citronnade n’aura pas le goût de celle du papy, j’aurais une pensée pour lui qui doit nous regarder de là haut et qui veille sur nous. Ma table ne sera pas une table de fête comme celle de ma belle mère, nous ne sommes que trois.
Ce matin Marianne laissait un message en hébreu très émouvant sur Facebook. Elle y a écrit « l’année prochaine à Jérusalem », mais elle est toujours considérée comme déserteur pour l’armée Israélienne et donc interdite d’entrée sur le territoire. Elle ne mérite pas ça, elle qui aime tant ce pays….. et qui est prête à le servir une fois ses études terminées….
« L’année prochaine à Jérusalem », nous y sommes, ça fait 7 ans que nous y sommes…. Mais à quel prix…. Celui d’être séparés de nos proches….. Je me demande pourquoi aujourd’hui je suis si triste……
Déjà vers 16 heures il n’y a pratiquement plus de voitures qui circulent seuls les véhicules de secours, sont autorisées à rouler et se mettent en place pour aider la population s’il y a des urgences. Vers 17 heures nous prendrons notre dernier repas et boirons nos derniers verres, avant d’entamer le jeûne de kippour qui dure 25 heures.
A 18 h 00 la rue sera prise d’assaut par les piétons, les femmes et les enfants de blanc vêtus (coutume sépharade) se rendront à la synagogue pour prier, se promèneront dans les jardins et se retrouveront en famille.
Comme chaque année, le pays est en état d’alerte maximum et nous sommes toujours sous la menace d’une éventuelle attaque qui pourrait venir du Hamas, du Hezbollah ou même de l’Iran. A 17 h 10 nous serons coupés du monde et ça peut parfois être un peu flippant. Les télévisions n’émettent plus, l’aéroport est bouclé et nous sommes vraiment seuls au monde.
Pourtant c’est agréable, la rue appartient aux piétons, les parcs sont remplis d’enfants qui s’ébattent, il n’y a plus de bruit d’avion, tout est paralysé et c’est le calme qui domine.
Yom Kippour c’est le jour du grand pardon, le jour de la repentance, un jour de prière et de réflexion. Ce jour là nous pensons aux erreurs commises, au mal que l’on a pu faire aux autres, et aux offenses que nous aurions pu commettre vis-à-vis de Dieu.
Ma poule finit de cuire, il est de coutume chez les juifs Tunisiens de consommer la poule farcie avec les cheveux d’Ange et de briser le jeûne avec une citronnade additionnée de fleur d’oranger. Je me suis habituée à toutes ces coutumes et si préparer la poule me semblait insurmontable au début, maintenant je le fais facilement.
Je me souviens des kippours en France, c’était plus difficile car la vie continuait tout autour….en même temps nous n’étions pas seuls comme aujourd’hui. Nous allions à Drancy chez mes beaux parents. Dans l’après-midi nous nous rendions à la synagogue, à pied, il fallait parcourir plus d’un bon kilomètre mais en général il ne faisait pas très chaud, ce n’était pas difficile… ma belle mère nous donnait à chacun du chocolat pour la sortie du jeûne car il nous fallait revenir et elle avait toujours peur que nous ne tenions pas le coup.
A la synagogue lors de la prière finale, nous nous regroupions par famille sous le taleth (châle de prière) et c’était un moment fort, on se disait toujours « l’année prochaine à Jérusalem »……et le shofar retentissait, l’émotion alors nous prenait aux tripes, on se demandait si Jérusalem on y serait un jour……
De retour à la maison, ma belle mère avait préparé une table digne d’un repas de communion… il y en avait partout, des mets salés, des mets sucrés et quel bonheur de se retrouver en famille autour de cette table. Mon beau père préparait la citronnade, il n’y avait que lui qui savait la faire comme ça…. C’était un rituel, on le regardait faire, en silence….sa citronnade sentait bon le soleil et la Tunisie……
Demain quand nous nous lèverons, Jules me dira pour m’encourager que nous avons déjà effectué la moitié du temps, il me dit toujours ça…… la journée s’écoulera lentement, elle sera plus difficile à partir de 16 heures, car la tête commence à tourner, on souffre beaucoup de la soif et on a parfois du mal à tenir debout.
Une heure avant la sortie de Kippour Jules ira à la synagogue, peut-être que Rébecca l’accompagnera, peut-être pas, ça dépend des années. Moi je resterai à la maison, car je n’aurai pas la force d’y aller et peut-être pas l’envie non plus….. je guetterai l’arrivée des trois étoiles dans le ciel qui commencera à s’assombrir et quand j’entendrais le son du shofar, je saurai que le jeûne est terminé. Alors je préparerai la table, je mettrai la poule à chauffer et petit à petit les voitures reprendront la route, les chaines de télévision commenceront à émettre et les premiers avions fendront le ciel…
La citronnade n’aura pas le goût de celle du papy, j’aurais une pensée pour lui qui doit nous regarder de là haut et qui veille sur nous. Ma table ne sera pas une table de fête comme celle de ma belle mère, nous ne sommes que trois.
Ce matin Marianne laissait un message en hébreu très émouvant sur Facebook. Elle y a écrit « l’année prochaine à Jérusalem », mais elle est toujours considérée comme déserteur pour l’armée Israélienne et donc interdite d’entrée sur le territoire. Elle ne mérite pas ça, elle qui aime tant ce pays….. et qui est prête à le servir une fois ses études terminées….
« L’année prochaine à Jérusalem », nous y sommes, ça fait 7 ans que nous y sommes…. Mais à quel prix…. Celui d’être séparés de nos proches….. Je me demande pourquoi aujourd’hui je suis si triste……