dimanche 27 septembre 2009

Le grand pardon


Comme tous les ans, vers 13 heures la circulation se fait moins dense, les gens rejoignent leur famille, les boutiques commencent à baisser rideau et le bruit de la vie cesse petit à petit. Il y a encore quelques retardataires qui effectuent les achats de dernière minute en prévision de la sortie du jeûne. Depuis le matin les marmites sont sur le feu pour préparer le repas du lendemain soir, moment oh bienfaiteur où l’on pourra enfin boire et manger. On s’affaire aux dernières petites choses à faire car ce soir à 17 h 10 c’est l’entrée de Kippour.

Déjà vers 16 heures il n’y a pratiquement plus de voitures qui circulent seuls les véhicules de secours, sont autorisées à rouler et se mettent en place pour aider la population s’il y a des urgences. Vers 17 heures nous prendrons notre dernier repas et boirons nos derniers verres, avant d’entamer le jeûne de kippour qui dure 25 heures.

A 18 h 00 la rue sera prise d’assaut par les piétons, les femmes et les enfants de blanc vêtus (coutume sépharade) se rendront à la synagogue pour prier, se promèneront dans les jardins et se retrouveront en famille.

Comme chaque année, le pays est en état d’alerte maximum et nous sommes toujours sous la menace d’une éventuelle attaque qui pourrait venir du Hamas, du Hezbollah ou même de l’Iran. A 17 h 10 nous serons coupés du monde et ça peut parfois être un peu flippant. Les télévisions n’émettent plus, l’aéroport est bouclé et nous sommes vraiment seuls au monde.

Pourtant c’est agréable, la rue appartient aux piétons, les parcs sont remplis d’enfants qui s’ébattent, il n’y a plus de bruit d’avion, tout est paralysé et c’est le calme qui domine.

Yom Kippour c’est le jour du grand pardon, le jour de la repentance, un jour de prière et de réflexion. Ce jour là nous pensons aux erreurs commises, au mal que l’on a pu faire aux autres, et aux offenses que nous aurions pu commettre vis-à-vis de Dieu.

Ma poule finit de cuire, il est de coutume chez les juifs Tunisiens de consommer la poule farcie avec les cheveux d’Ange et de briser le jeûne avec une citronnade additionnée de fleur d’oranger. Je me suis habituée à toutes ces coutumes et si préparer la poule me semblait insurmontable au début, maintenant je le fais facilement.

Je me souviens des kippours en France, c’était plus difficile car la vie continuait tout autour….en même temps nous n’étions pas seuls comme aujourd’hui. Nous allions à Drancy chez mes beaux parents. Dans l’après-midi nous nous rendions à la synagogue, à pied, il fallait parcourir plus d’un bon kilomètre mais en général il ne faisait pas très chaud, ce n’était pas difficile… ma belle mère nous donnait à chacun du chocolat pour la sortie du jeûne car il nous fallait revenir et elle avait toujours peur que nous ne tenions pas le coup.

A la synagogue lors de la prière finale, nous nous regroupions par famille sous le taleth (châle de prière) et c’était un moment fort, on se disait toujours « l’année prochaine à Jérusalem »……et le shofar retentissait, l’émotion alors nous prenait aux tripes, on se demandait si Jérusalem on y serait un jour……

De retour à la maison, ma belle mère avait préparé une table digne d’un repas de communion… il y en avait partout, des mets salés, des mets sucrés et quel bonheur de se retrouver en famille autour de cette table. Mon beau père préparait la citronnade, il n’y avait que lui qui savait la faire comme ça…. C’était un rituel, on le regardait faire, en silence….sa citronnade sentait bon le soleil et la Tunisie……

Demain quand nous nous lèverons, Jules me dira pour m’encourager que nous avons déjà effectué la moitié du temps, il me dit toujours ça…… la journée s’écoulera lentement, elle sera plus difficile à partir de 16 heures, car la tête commence à tourner, on souffre beaucoup de la soif et on a parfois du mal à tenir debout.

Une heure avant la sortie de Kippour Jules ira à la synagogue, peut-être que Rébecca l’accompagnera, peut-être pas, ça dépend des années. Moi je resterai à la maison, car je n’aurai pas la force d’y aller et peut-être pas l’envie non plus….. je guetterai l’arrivée des trois étoiles dans le ciel qui commencera à s’assombrir et quand j’entendrais le son du shofar, je saurai que le jeûne est terminé. Alors je préparerai la table, je mettrai la poule à chauffer et petit à petit les voitures reprendront la route, les chaines de télévision commenceront à émettre et les premiers avions fendront le ciel…

La citronnade n’aura pas le goût de celle du papy, j’aurais une pensée pour lui qui doit nous regarder de là haut et qui veille sur nous. Ma table ne sera pas une table de fête comme celle de ma belle mère, nous ne sommes que trois.

Ce matin Marianne laissait un message en hébreu très émouvant sur Facebook. Elle y a écrit « l’année prochaine à Jérusalem », mais elle est toujours considérée comme déserteur pour l’armée Israélienne et donc interdite d’entrée sur le territoire. Elle ne mérite pas ça, elle qui aime tant ce pays….. et qui est prête à le servir une fois ses études terminées….

« L’année prochaine à Jérusalem », nous y sommes, ça fait 7 ans que nous y sommes…. Mais à quel prix…. Celui d’être séparés de nos proches….. Je me demande pourquoi aujourd’hui je suis si triste……

vendredi 25 septembre 2009

Juliette et ses démons....


Juliette fit mine de ne pas être du tout intéressée par Renaud mais moi j’avais bien flairé le coup, d’ailleurs Renaud qui n’avait pratiquement jamais mis les pieds dans mon bureau y passa trois fois la semaine suivante pour des motifs plus que futiles et Juliette étant très émoustillée eut beaucoup de mal à dissimuler ses émotions.

La coquine que je suis ne manquât pas de le lui faire remarquer, ce à quoi elle me répondit que je rêvais et que Renaud n’était pas du tout son type, trop petit de taille, trop vieux gars, trop tout en fait….. Je n’insistais pas étant persuadée du contraire….

Juliette déclina plusieurs de mes invitations pour les week-ends de sorties « handballesques » et lorsque le lundi je lui demandais comment s’était passé son week-end elle était toujours très évasive et coupait vite court à la conversation.

Elle faisait de gros efforts vestimentaires et surtout soignait son langage, elle s’appliquait à ne plus sortir ses éternelles phrases en argot et par moment j’avais l’impression qu’elle avait étudié de nouvelles pages du dictionnaire durant la nuit.

La transformation était totale. Un jour elle ne pût plus me cacher son amitié plus que poussée avec Renaud puisqu’ils avaient été aperçus ensemble au restaurant puis faisant des courses.
Lorsque je lui posais des questions, j’avais toujours l’impression de déclencher la quatrième guerre mondiale alors je m’abstenais me disant qu’en temps voulu elle me parlerait.

Mais Juliette s’éloignait de tout, de moi et du travail en général. J’étais un peu peinée de cette situation. Elle n’avait pas de comptes à me rendre certes, mais nous avions été si proches et je l’avais tellement soutenue que j’aurais aimé partager ses nouveaux moments de bonheur.

Mes collègues qui avaient vu le manège depuis le départ ne manquaient pas l’occasion de me faire remarquer le revirement à 360 ° de « ma TUC » tout en insistant bien sur le fait qu’elles n’étaient pas loin de la vérité…. Je me contentais de répondre que j’avais menée cette jeune femme jusqu’à sa majorité, qu’il était temps maintenant qu’elle prenne son envol et qu’il fallait bien un jour ou l’autre quitter le nid…..mais au fond j’en avais gros sur la patate.

Je ne comprenais pas pourquoi elle avait pu changer à ce point. Mes amies proches me disaient qu’elle n’avait pas changé, qu’elle avait toujours été comme ça mais qu’en fait elle dévoilait sa propre personnalité qu’elle avait si longtemps cachée….et qu’au passage elle m’avait bien eue !!!

Un beau matin j’appris qu’elle avait changé d’adresse et qu’elle vivait désormais chez Renaud mais que c’était provisoire, ils cherchaient un logement plus grand. Quand je la félicitais en lui disant que c’était tout récent elle m’informa qu’en fait ça faisait plus d’un mois maintenant qu’elle s’était installée avec lui… je fus surprise et lui fis remarquer qu’elle aurait pu m’en parler, nous étions collègues et amies quand même…. Il n’y avait rien de secret là dedans…. Elle se contenta de me répondre que ce n’était pas important et que ça ne regardait personne même pas moi.

Un mois plus tard en ouvrant mes volets un samedi matin je remarquais un camion de déménagement dans la rue en face et des employés du service technique qui transportaient des meubles dans une maison quittée la semaine avant par des gens qui avaient été mutés dans le sud.

Je fis signe aux gars que je connaissais et leur dit que s’ils voulaient un café ils n’avaient qu’à venir. Les trois loustics ne se firent pas prier et arrivèrent vite fait et là, j’appris avec stupeur qu’ils étaient en train de déménager Juliette et Renaud.

L’histoire était simple, Juliette avait demandé au Maire un véhicule pour déménager, ce qui lui avait été accordé comme à chaque employé municipal et avait donné la pièce aux trois gars pour l’aider à monter les meubles.

Lundi matin je me rendis compte que beaucoup de gens était au courant en mairie, sauf moi….. moi qui avait Juliette face à moi chaque jour, moi qui l’avait aidée, moi qui avais partagé ses peines, moi qui pensais être au moins ne serait-ce qu’une copine……

Je fis semblant de rien pensant qu’elle allait m’en parler mais pensez-vous…. Elle s’affairait comme si de rien n’était et brassait beaucoup d’air. N’y tenant plus, en fin de matinée je lui dis que j’avais appris qu’elle avait déménagé. Elle me confirma en me disant qu’elle avait loué une maison pas loin de chez moi. Pas loin ? lui dis-je… mais tu habites en face…. Ah bon fit-elle d’un ton étonné qui n’était pas étonné du tout, je n’avais même pas fait attention, je pensais que ta maison était plus loin…….

Je ne relevais pas, je ne relevais plus, j’étais trop déçue et surtout je ne comprenais pas cette attitude. J’avais envie d’une discussion claire avec elle mais ça me semblait impossible. Dès que je lui parlais elle se fermait comme une huitre. J’allais maintenant compter les jours qu’il me restait à passer avec elle. Son contrat se terminait dans trois mois, il fallait que je tienne trois mois, ça n’allait pas être facile.

Elle avait maintenant la grosse tête et c’est tout juste si ce n’était pas elle qui allait m’apprendre mon travail. Par moment l’ambiance était insupportable, la pièce irrespirable et pour me donner du courage, je partais me réfugier chez ma copine du service des sports, ça me donnait une bouffé d’oxygène et on essayait de rire un peu parce qu’il fallait bien l’avouer, Juliette ne me faisait plus rire du tout. Le maire qui n’avait rien perdu de l’ambiance me proposa de l’affecter à un autre service mais je ne voulais pas…. Pour le peu de temps qu’il restait, j’allais supporter jusqu’à la fin et après on en parlerait plus.

Le destin se chargea de m’épargner cette attente. Un matin, j’appris encore une fois par une tierce personne qu’elle avait trouvé un emploi. Renaud avait réussi à la faire embaucher dans sa boite et elle partait à la fin de la semaine. Elle ne me dit rien, c’est le service du personnel qui m’appela pour me demander si je voulais une autre personne pour la remplacer. Là encore je tombais des nues, elle était allée voir la responsable du personnel, avait fait son courrier et basta, ni le maire ni moi n’avions été informés…..

Cette fois je mis les pieds dans le plat en lui expliquant que la moindre des choses était d’informer au moins le maire de son départ si elle ne voulait pas m’informer moi. Je profitais d’ailleurs pour lui dire que je ne comprenais pas son attitude vis-à-vis de moi et qu’elle avait changé.

Elle se contenta de me répondre qu’elle me remerciait de tout ce que j’avais fait pour elle mais qu’il était temps maintenant qu’elle pense un peu à elle, elle voulait un job, un vrai job et elle l’avait trouvé, elle avait aussi rencontré Renaud et maintenant elle voulait vivre sa vie et avoir le droit au bonheur…..Elle était consciente qu’elle avait changé mais elle était persuadée qu’elle avait changé en bien. Elle ne comprenait pas pourquoi je n’étais pas contente qu’elle ait trouvé un emploi….est ce que j’étais jalouse ?

Elle est partie le vendredi. J’ai organisé un petit pot de départ avec quelques collègues, nous lui avons souhaité bonne chance. Nous nous étions cotisées et lui avons acheté un petit cadeau qu’elle ne méritait pas j’en suis bien consciente.

Je lui ai dit qu’elle pouvait venir nous donner des nouvelles de temps en temps, que ça nous ferait plaisir……elle est partie sans se retourner, très hautaine, perchée sur des hauts talons qui faisaient un bruit d’enfer et j’ai repensé à la Juliette des premiers jours, la Juliette qui était venue pleurer dans mon bureau, la Juliette si douce et si gentille qui s’était accrochée à moi comme un oursin sur son rocher, la Juliette discrète qui avait peur de déranger…..

Pendant plus d’un an je l’ai vu aller et venir dans mon quartier. Je passais parfois en voiture, je m’arrêtais et lui faisait coucou, lui demandait des nouvelles, elle n’avait jamais le temps, était toujours pressée…. Elle a finit par tourner la tête quand elle me voyait pour éviter de me saluer.

Ils se sont mariés au début de l’été. Personne de nous n’a été invité ne serait-ce qu’au vin d’honneur. Elle n’avait même pas daigné saluer les collègues de la Mairie qui l’ont mariée. Elle avait changé, elle était encore plus fière qu’avant, très sophistiquée, se tenant droite comme un I . Le mariage s’est fait en comité restreint, la famille, les témoins et des amis triés sur le volet.

Ils ont fini par quitter la ville, Renaud était originaire de la Mayenne, il a retrouvé un job là bas pour lui et pour elle…… Je n’ai plus jamais entendu parler d’elle, je me suis fait la promesse de ne plus jamais me laisser avoir…. Mais ça…. C’est une autre histoire !!!!

mercredi 23 septembre 2009

Le papillon quitte la chrysalide

Juliette s’est tout de suite montrée bonne élève et à commencé à se dévoiler petit à petit.

J’avais pour habitude le matin de toujours aller à la boulangerie voisine chercher des pains au chocolat ou des chouquettes, mon pêché mignon. Je passais ensuite des heures à nager, à faire du step ou encore du sauna pour éliminer mes excès alimentaires afin de garder la ligne.

Juliette mangeait de bon cœur tous les matins et plus que de raison, elle trempait souvent les mets dans son thé ce qui avait le don de m’amuser, je trouvais aussi qu’elle avait beaucoup de chance de pouvoir avoir la taille fine en mangeant tout ce qu’elle mangeait alors elle me fit une confidence…. elle ne mangeait pas tous les jours à sa faim, le soir elle ne mangeait jamais et buvait simplement une tisane et le midi c’était un jour sur deux parce que financièrement elle ne pouvait pas se le permettre.

Cette déclaration m’assomma d’un coup et me conforta dans mon envie d’aider Juliette a qui décidément la chance ne souriait pas. Moi j’avais tout ce qu’il fallait, une maison sympa qui serait à moi dans quelques années, un mari coureur de jupons mais qui savait si bien le cacher que je ne voyais rien, un petit garçon, adorable blondinet aux yeux bleus qui faisait craquer tout le monde, un job dans lequel je m’épanouissais, une carte bleue que je pouvais dégainer quand il me chantait….. Je volais au secours de Juliette tel un chevalier au secours de sa belle. Je serais désormais son ange gardien le temps que sa situation rentre dans l’ordre et rien ni personne ne pouvait m’arrêter.

Afin de la faire sortir un peu et de lui faire rencontrer du monde, je l’invitais aux matches de Handball le samedi soir, -mon mari du moment jouait à cette époque en équipe première- et ce qui était intéressant c’était la troisième mi-temps. Nous nous retrouvions tous au restaurant et ensuite nous finissions la soirée en boite de nuit pour n’en ressortir qu’aux aurores.

Il y avait dans cette équipe encore quelques célibataires et je pensais que peut-être Juliette y trouverait son bonheur. Je me souviens d’une soirée mémorable, l’équipe avait gagné et était première du classement, la soirée battait son plein, le maire de la commune qui était aussi président du club était en grande discussion au comptoir avec un élu régional, il me faisait signe de le rejoindre pour me présenter cette personne. Je me levais et laissait Juliette en train de siroter un whisky coca. Alors que nous conversions tous les trois, Juliette s’apercevant de mon absence se leva pour nous rejoindre et fit une arrivée remarquée près du bar en affirmant haut et fort « mes aieux, quelle soirée, j’ai rien mal aux arpions » !!!!! ce qui eu le don de jeter un léger trouble parmi notre élu régional.

J’ai tout de suite chaperonné Juliette jusqu’à notre place tout en la sermonnant gentiment, il fallait à tout prix qu’elle corrige son langage parce que comme ça ce n’était pas possible….en même temps, j’étais morte de rire et vu que l’élu en question était plutôt coincé, je me disais qu’il l’avait bien mérité !!!

Juliette fit des efforts, tant dans sa tenue vestimentaire que dans son langage. Je la corrigeais à chaque fois et la félicitait chaque matin. Elle prenait de l’assurance. Au niveau du travail il y avait des progrès aussi et même si je n’étais pas complètement satisfaite il fallait souligner les efforts.

Mes collègues de travail me félicitaient pour ma perspicacité mais n’étaient pas convaincues de la loyauté de Juliette à mon égard. Elles restaient persuadées que Juliette profitait de moi et qu’à la première occasion, elle me jetterait. Elles trouvaient aussi que Juliette commençait à avoir la grosse tête et semblaient étonnées que je ne m’en aperçoive pas.

Juliette s’épanouissait à vue d’œil et tellement bien qu’elle commençait à snober les collègues de travail et à les prendre de haut. Je devais parfois m’énerver parce qu’elle se mêlait de tout et ne comprenait pas toujours les situations si bien qu’elle faisait parfois des gaffes qui pourraient nous coûter cher à toutes les deux. Quand je tentais de lui expliquer les choses, elle boudait dans son coin, capable de ne plus m’adresser la parole des heures durant. C’était une facette d’elle que je ne connaissais pas encore et c’était assez désagréable. En fait elle n’admettait pas les critiques, je tentais alors de la persuader que c’était pour son bien, que j’étais là pour l’aider, elle me répondait que c’était méchant et que ça ne l’aidait pas, au contraire, ça la déprimait !!!

J’avais parfois des moments de doute, et mes collègues avaient raison, Juliette avait chopé la grosse tête et c’était flagrant. Je m’en amusais presque sauf quand ça dépassait les limites et là c’était carrément agaçant. Lorsque des gens venaient, je présentais toujours Juliette comme mon assistante, faisant partie intégrante du service, il ne me serait jamais venu à l’idée de dire « je vous présente Juliette, elle effectue un TUC »….Ca plaisait énormément à Juliette d’être présentée comme ça, tellement bien qu’elle finissait par croire qu’elle était elle aussi la collaboratrice du Maire et elle se présentait comme telle à l’extérieur.

Un jour, elle est montée avec un futur directeur d’entreprise dans le bureau, elle l’avait rencontré dans le hall de la mairie en descendant du travail à la collègue de l’accueil (elle aimait bien faire ça, elle lui donnait des tonnes de directives sur un ton qui n’admettait aucune réplique, je récupérais ensuite les plaintes par téléphone) ce Monsieur souhaitait un entretien avec le Maire car il voulait s’implanter dans la commune et comme si de rien n’était, notre Juliette s’est avancée vers mon bureau, a pris le carnet de rendez-vous et a commencé calmement à discuter avec lui, m’ignorant complètement et me laissant comme deux ronds de flan !!!

C’était une première alerte qui aurait du attirer mon attention sur le comportement de Juliette… mais je l’ai négligée….

Un week-end, nous partions en bus pour une manifestation à Paris. Je proposais à Juliette de nous accompagner, il y avait ce jour là un célibataire que je connaissais et qui cherchait la femme de sa vie. Je dis à Juliette que peut-être c’était elle, je le sentais, il fallait à tout prix qu’ils se rencontrent, elle se moquait de moi, personne ne trouvait grâce à ses yeux. Elle voulait un homme parfait…..

Pourtant j’avais tapé dans le mille, ce jour là grâce à moi, Juliette rencontrait Renaud qui deviendrait quelques mois plus tard son mari…… , j’étais loin de m’imaginer qu’en voulant faire le bien, je découvrirais la vraie personnalité de Juliette et que je resterais au bord du chemin……. (à suivre)…..

mardi 22 septembre 2009

Juliette




A cette époque, les T.U.C. (travaux d’utilité collective) fleurissent un peu partout et la mairie où je travaille n’échappe pas à la règle. Il y en a souvent un dans chaque service administratif, et plusieurs dans les services annexes.

Pour certains, les T.U.C. c’est bien pratique, c’est pas payé cher et on peut leur filer tout le boulot ingrat, celui qu’on a pas envie de faire et s’il est écrit dans la Loi qu’on doit leur donner une formation, que ce stage d’un an est un tremplin pour un futur emploi, toutes ces belles résolutions passent bien souvent à la trappe.

Ce jour là, mon attention est attirée par Juliette*. Ca fait plus d’une quinzaine de jours qu’elle est au service Etat-Civil et je la trouve triste, souvent seule et pas vraiment intégrée au groupe des filles…. Elles sont en pause et papotent dans leur petite pièce spécialement aménagée à cet effet. Les discussions vont bon train, thé, café, gâteaux… c’est le dernier salon où l’on cause et comme c’est le premier service que l’on aperçoit quand on rentre dans la mairie, c’est aussi un lieu de passage et de commérage.

Je suis descendue à l’accueil pour donner des documents à mettre sous pli. La jeune femme de l’accueil se plaint de ne jamais rien avoir à faire et c’est avec plaisir qu’elle s’acquitte de cette tâche, même si ce n’est pas glorifiant pour elle. Elle m’appelle souvent dans la journée pour me demander si je n’ai pas des choses à lui confier. J’entends mes collègues de l’Etat-Civil glousser de bon cœur et du coup j’ai envie de me mêler à la rigolade. Lorsque je passe derrière le comptoir j’aperçois Juliette et le fait de la voir seule m’attriste alors du coup, c’est vers elle que je me rends.

On parle très peu, Juliette est timide et discrète, moi je ne veux pas trop empiéter parce que je sens qu’elle s’impose des barrières, nous échangeons quelques banalités et du coup je remonte dans mon bureau.

Petit à petit, j’apprivoise Juliette…. Chaque jour nous parlons un peu ensemble et lorsqu’il y a des documents à me transmettre, c’est Juliette qui s’y colle et chaque fois qu’elle doit aller dans un service, elle fait un détour par mon bureau. J’apprends ainsi qu’elle n’a pas beaucoup de travail, qu’elle s’ennuie, qu’on ne lui donne que des tâches peu intéressantes à faire et qu’elle n’arrive pas à s’intégrer au groupe.

J’en discute avec la responsable du service qui bien sûr me donne un son de cloche totalement différent… Juliette s’est mise à part dès le premier jour, elle est toujours renfermée, tout le monde a bien essayé de la faire participer mais c’est peine perdu, alors les filles ont lâché l’affaire…..

Un matin Juliette monte dans mon bureau et pleure, elle ne supporte plus l’ambiance du service et aimerait en changer, elle vient me demander si je peux l’aider et si je peux en parler au Maire, tout en suggérant que ça serait bien si elle pouvait bosser avec moi.

En « bon Samaritain » que je suis, je vole tout de suite à son secours et comme je suis une passionnée, je prends le dossier à pleine mains et je sais déjà que je vais demander au Maire d’intégrer Juliette à mes côtés.

Ca ne va pas être facile, le poste que j’occupe est particulier et le Maire ne veut personne dans le bureau. Il va donc falloir que je sois perspicace et convaincante…. J’affute mes armes et j’ai la journée pour préparer mon argumentation, le Maire est à Paris et ne rentrera qu’en soirée…..

Ma requête est acceptée rapidement, j’ai trouvé les mots qu’il faut et au bout de 20 minutes le maire est d’accord pour que Juliette intègre mon bureau, à certaines conditions cependant, de la discrétion et un travail fructueux, il faut que Juliette soit formée lorsqu’elle quittera le service.

Une semaine plus tard, Juliette me rejoint avec un grand sourire, laissant derrière elle ses anciennes collègues qui finalement se fichent pas mal de son départ mais qui ne ratent pas l’occasion pour déblatérer derrière son dos et profitent pour en rajouter une couche à mon égard….. Elle devient ainsi « ma petite protégée » et on me souhaite bon courage, d’un air de dire que j’ai récupéré le vilain petit canard et que je ne suis pas au bout de mes peines car je ne la connais pas !!!

Effectivement, Juliette ce n’est pas la grande classe et si physiquement elle est agréable, il ne faut pas qu’elle ouvre la bouche parce qu’Arletty dans « L’hôtel du Nord » n’a rien à lui envier. Avec Juliette il faut souvent décrypter les mots en argot, ajouté à cela quelques gros mots, ça donne un mélange détonnant et quand on est pas habitués ça décoiffe !!!

Mais je ne m’arrête pas à ça. Juliette du travail je vais lui en donner, je la formerai aussi, Juliette ne sera pas « Un T.U.C. » mais une personne à part entière à qui on confiera de petites responsabilités….. quand on boira le café, Juliette sera avec nous, quand Juliette quittera mon bureau elle pourra affronter le monde du travail….je m’en fais la promesse…..et surtout, je ne veux plus voir ce masque de tristesse sur son visage, je veux voir Juliette rire, je veux la voir à l’aise, je veux la voir s’épanouir……..

Toutes mes résolutions ont le don de bien faire rire mes collègues de travail qui se demandent pourquoi je dois toujours m’intéresser aux éclopés de la vie….. « tu vas encore te faire avoir » me jette l’une d’entre elle !!!!

Moi je n’écoute pas……persuadée que derrière Juliette se cache une rose…. Je vais m’employer à la faire éclore et je vais y mettre toute mon énergie…… et croyez vous qu'il y aura des réusultats ? ....... (à suivre).....


* Prénom d'emprunt pour préserver l'anonymat de Juliette

dimanche 20 septembre 2009

Bienvenue à Violette

Pas de texte aujourd'hui, juste une photo concernant
le "défi photos de Virginie B" en l'honneur de l'arrivée de Violette.

Je lui souhaite une heureuse et longue vie à cette petite fleur qui je suis certaine doit être aussi jolie que sa maman.



jeudi 17 septembre 2009

I have a dream


J'avais écrit ce texte en janvier 2008 à l'occasion des voeux de nouvel an. Je le remets au goût du jour parce que finalement c'est toujours d'actualité et que vendredi soir c'est le nouvel an juif, c'est donc le moment de former des voeux pour que la nouvelle année qui arrive soit douce..... Oui je sais, vous allez me dire qu'en ce moment je vous sors des vieux textes et que j'abuse..... mais c'est que je n'ai pas d'inspiration, pas le temps, pas l'envie....les soucis et le stress prennent le dessus.... mais ça ira mieux.... vendredi soir je mangerai des pommes et du miel pour que l'année qui vient soit douce et belle.....


Hier j'allais faire des courses et en passant près de Gaza je rencontre Omar qui est en panne de voiture sur le bord de la route. Je le salue d'un cordial Shalom et lui demande s'il a besoin d'aide. "Si tu peux m'emmener au garage de mon cousin Mahmoud, ça me rendrait bien service, ce n'est pas très loin, à peine deux kilomètres à vol d'oiseau, il reviendra avec moi pour me dépanner". "Ok ça marche, monte" !!!



Pendant le trajet nous conversons comme de vieux amis, Omar me parle de son épouse et de ses enfants qui font tous de hautes études, au printemps sa petite dernière quittera le nid familial pour rejoindre un cousin jordanien qui lui propose un poste d'ingénieur dans son entreprise, il se retrouvera seul avec sa femme, il prendra alors le temps de voyager et de penser un peu à lui.



Je le dépose au garage où Mahmoud me propose tout de suite un thé à la menthe, il est chaud mais je le bois avec délice. Omar me remercie chaleureusement et me donne son adresse, il faut que je passe le voir, tiens Dimanche ça serait bien, toute la famille est réunie, il voudrait que je fasse leur connaissance. Il est comme ça Omar, il a le coeur sur la main, et depuis que nous vivons en paix il a plein d'amis Israéliens qu'il invite régulièrement chez lui.



On est bien chez Omar finalement, on se sent comme à la maison, qu'est ce qui nous différencie à part qu'on a pas la même religion ? Bon d'accord, il mange pas casher, et alors.... c'est pas grave, ce Dimanche on mange du poisson, il a mis des assiettes en plastique et acheté des serviettes en couleur, du bleu, comme notre drapeau, parce qu'il veut nous faire plaisir, il a sorti aussi sa belle nappe blanche et mis des fleurs un peu partout.



Moi je suis à l'aise avec Omar, peut-être plus qu'avec d'autres personnes, Omar est un être humain avant tout, avec des valeurs et les mêmes que les miennes. Je vais chez lui, il vient chez moi, pas de barrière, pas de religion, pas de race, pas de couleur de peau. Rien de tout cela.... Omar c'est mon pote, mon pote Palestinien, je n'ai plus besoin de passer de check point, je n'ai plus à craindre pour ma vie, Je ne me fais plus caillaisser quand je passe en voiture, il en va de même pour Omar, ça s'appelle la réciprocité.... deux états mais pas vraiment de frontière, la dernière plaque de la barrière de sécurité est tombée depuis bien longtemps.... nous l'avons gardée, en souvenir, pour ne pas oublier nos années de haine.....


Nous sommes deux états liés l'un à l'autre, forts économiquement, le tourisme bat son plein, je vais acheter mes épices chez Omar, parce qu'elles sont meilleures là bas, les fruits et légumes aussi, parce que les serres de Gaza ont une bonne production.



Omar vient souvent à Tel-Aviv parce qu'il aime bien la plage et les cafés, et puis il doit inscrire son petit fils à l'université de Tel-Aviv, il faut aussi qu'il lui trouve un appartement..... pas question qu'il fasse la route tous les jours..... Je lui file des adresses, si il veut je lui donne un coup de main.......Tiens je connais justement quelqu'un qui loue un petit studio, pas cher en plus........


Peut-être qu'un jour je rencontrerai Omar.......

lundi 14 septembre 2009

Une histoire simple....



Tout a commencé par un petit mot déposé sur mon second blog « Sur la route d’Israël « et signé « Careli ». Juste quelques mots me disant que ce blog est super, qu’elle l’a lu de long en large et que ça va bien l’aider puisqu’elle vient en Israël dans quelques jours, et c’est curieux mais c’est comme si elle me connaissait »….

Si je suis assidue de mon blog « Le monde d’Ysa », je le suis beaucoup moins sur ce second blog car les textes et les photos demandent beaucoup de travail et mon dernier post là bas date du mois de juin, je ne réponds pas toujours à tous les commentaires et je peux parfois rester plusieurs jours sans y aller.

J’ai tout de suite répondu à « Careli » en lui disant que si elle passait près de chez moi elle pouvait s’arrêter prendre un café et qu’elle avait mon mail sur le blog. Le lendemain j’avais un message et je lui laissais mes coordonnées téléphoniques.

La suite est toute aussi simple et aussi belle. « Careli » qui s’appelle Danièle m’a contactée et nous nous sommes donné rendez-vous à la maison mercredi dernier vers 16 h 30. On ne se connaissait pas mais quand elle est arrivée le courant est tout de suite bien passé entre nous. Elle était accompagnée de Christian son compagnon et c’est tout naturellement qu’on s’est installés et qu’on a pris le café. Danièle m’avait ramené un petit souvenir avec de la lavande de Provence (elle habite Juan les Pins) et ça m’a beaucoup touchée. On a discuté de tout, de rien, comme de vieux amis qui ne s’étaient pas vu depuis longtemps et c’était assez amusant de voir qu’on s’entendait si bien.

On les a aidés à préparer leur circuit. Jules leur a réservé les chambres d’hôtel à Jérusalem, à la Mer Morte et à Eilat. Etant Israéliens on a réussi à leur avoir des prix intéressants pour les chambres d’hôtel et pour nous remercier ils nous ont invités au restaurant le soir.

On a passé une soirée géniale, et on s’est couchés à plus de minuit. On a repris rendez-vous et on s’est de nouveaux retrouvés ensemble samedi après-midi. Au programme visite de la cité Antique de Jaffa, on leur a servi de guide et on a passé un agréable moment.

Hier ils sont partis pour Jérusalem, cet après-midi ils partent pour la Mer Morte et mercredi matin ils descendent à Eilat ou ils resteront jusqu’à Dimanche midi. Comme leur avion décolle dans la nuit de dimanche à lundi et qu’ils doivent être à l’aéroport vers 2 heures du matin, je leur ai proposé de venir à la maison dimanche soir, nous passerons une dernière soirée ensemble autour d’un repas et ils partiront ensuite à l’aéroport.

Voilà un petit bonheur tout simple mais oh combien agréable. Il y a une semaine je ne connaissais pas Danièle et Christian et aujourd’hui j’ai vraiment l’impression d’avoir de nouveaux amis et j’ai maintenant une petite place pour eux dans mon cœur.

C’est curieux comme on peut accrocher avec des gens que l’on ne connaît pas, mais je me dis que la blogosphère fait quand même de belles choses. Si je n’avais pas eu de blog, je n’aurais jamais rencontré Danièle et Christian et ça aurait vraiment été dommage car ils sont vraiment très sympathiques. Je n’ai qu’un regret, qu’ils soient loin… parce que je me dis que si on habitait tout près on en passerait de sacrés bon moments.




En tout cas le destin a encore frappé et ce destin j’y crois. Danièle ne laisse jamais de messages sur les blogs et là tout à coup elle a eu envie de m’écrire et moi je ne réponds pas tout le temps et là non seulement j’ai répondu et je lui ai dit de passer à la maison…. Si c’est pas du destin tout ça vous me direz comment ça s’appelle alors !!!!


On a beaucoup discuté de cet éloignement géographique. On sera reliés par le net et le téléphone. Danièle et Christian savent que maintenant ils peuvent revenir ici quand ils le veulent et nous, si on passe par la côte d’Azur, on ira les saluer c’est certain.




Ca n’empêche pas que dimanche prochain, quand ils partiront, j’aurais un petit pincement au cœur ça c’est certain……

jeudi 10 septembre 2009

Le tag du pirate



Le Pirate est un coquin !!! Interminable voyageur, il surfe sur les mots comme il vogue sur les océans, et n’allez pas vous imaginer un capitaine Crochet ou un truc dans ce genre parce que je vous arrête tout de suite, vous faites fausse route…..

Le pirate que je ne connais que virtuellement est un pirate au grand cœur, il jongle avec les mots comme il monterait au mat de son bateau, il fait son dur mais au fond c’est un tendre….

Grand amateur de la gent féminine, parfois "borderline" dans ses textes, il lui fallait inventer un tag à sa mesure et fidèle à sa réputation.

Il l’a fait et c’est avec un certain amusement et une pointe de timidité que je m’exécute, n'ayant pas l'habitude de ce registre..... j’ai l’impression de marcher sur des œufs.... Jack, si tu t'attends à des révélations sulfureuses, tu vas être déçu....

1- Racontez votre premier amour, sans préciser ni prénom ni date, restez mystérieux.

Qu’est ce qu’on appelle un premier amour et comment sait-on que c’est le vrai ? le premier qui a fait battre mon cœur c’était ce petit blondinet dont je vous parlais dans mes souvenirs d’enfance. Il était haut comme trois pommes avec quelques tâches de rousseur parsemées sur le haut des pommettes. Il avait ce qu’on appelle « Les dents du bonheur » et ça lui donnait du charme…. Il parlait beaucoup et il savait se battre….


Il avait un vélo qu’il passait son temps à bricoler et souvent nous faisions le chemin ensemble en rentrant de l’école, il ne fallait pas que les autres nous aperçoivent et si par mégarde on croisait des camarades de classe, il enfourchait vite fait son engin et taillait la route….. un jour il y a eu un petit bisou furtif sur la bouche…. C’était la fin de l’année scolaire, lui était aux anges, moi beaucoup moins, je ne comprenais pas tout ce tapage que l’on pouvait faire au sujet d’un baiser qui n’avait pas éveillé mes sens….. ça faisait des mois qu’il attendait ce moment….. je suis partie au collège dans une ville voisine, lui est resté, on a perdu le contact…. Je l’ai revu quelques années plus tard, il n’avait pas beaucoup grandi, nous avons échangé quelques mots, sans grand intérêt, il ne me plaisait plus du tout !!!!!

2- Racontez votre plus bel amour, celui de votre vie…en attendant le prochain !

C’est son regard qui a attiré mon attention la première fois que je l’ai vu. Il était très classe, costard cravate avec un port parfait. Lorsqu’il s’est éloigné j’ai trouvé qu’il roulait un peu des mécaniques mais l’homme ne m’avait pas laissée indifférente. Je l’ai aperçu de temps en temps, on se regardait, on s’épiait…. on avait parfois des conversations qui partaient en vrille vite fait à cause de nos avis totalement opposés.


Puis il a fini par m’énerver carrément, cette assurance qu’il avait m’agaçait fortement et je cherchais la brèche pour le déstabiliser. Je le traitais de « sale macho », il me qualifiait de « blonde pétasse »…. Il faisait celui qui ne s’intéressait pas du tout à moi et je faisais de même.


Le 16 avril 1992 tout a basculé. Nous étions en voyage d’étude en Israël. La Mairie où je travaillais avait décidé de se jumeler avec une ville Israélienne. En qualité de collaboratrice du Maire j’étais du voyage et je suivais le dossier. La commune avait fait appel à ses services parce qu’il parlait couramment l’hébreu, qu’il connaissait bien le pays et qu’il y allait régulièrement, il était donc d’une aide précieuse pour nous.


Nous étions 8 personnes à faire ce voyage, 4 hommes et 4 femmes. Parmi notre groupe il y avait un couple mais notre ville d’accueil l’ignorait et avait réservé 4 chambres pensant que nous étions tous en couple. Il fallait donc qu’un autre couple se retrouve ensemble. Je l’ai vu parlementer avec les Israéliens puis maladroitement il est venu me demander si ça ne me dérangeait pas d’être dans la même chambre que lui, il y avait une chambre dans laquelle deux lits étaient séparés. J’ai tout de suite confirmé que ça ne me posait pas de problème, la chambre c’était pour dormir, le reste du temps nous serions sur la route, ou en réunion pour peaufiner notre dossier de jumelage.

Nous nous sommes installés en blaguant comme deux vieux copains…. Très galant il m’a laissé aller à la salle de bains la première afin de me préparer pour le repas du soir. Pendant qu’il se préparait j’admirais la plage de Tel-Aviv du balcon de l’hôtel. L’endroit était agréable, la mer était calme, au loin j’apercevais les voiliers qui avaient jeté l’ancre dans la Marina….


Alors que je rentrais dans la chambre, Il est sorti de la salle de bains torse nu …. Ça m’a troublée… et tandis qu’il fouillait sa valise à la recherche d’un tee-shirt je tentais péniblement de cacher mon émoi. La soirée s’est déroulée parfaitement. J’évitais de croiser son regard car j’avais peur qu’il ne se soit rendu compte de mon trouble. De retour dans la chambre, nous avons parlé de tout et de rien pendant plusieurs heures, apprenant à nous connaître et découvrant chacun que nous n’étions pas du tout comme l’autre voulait bien nous voir….. Il a ensuite pris ma main et m’a caressé le bras….. la suite c’est notre secret….. le lendemain matin j’ai su qu’il était celui que j’attendais mais je savais aussi que rien ne serait facile pour nous.


Pour moi il est l’homme de ma vie, il n’y aura pas de prochain quoi qu’il arrive parce que je crois qu’un amour, un vrai ça n’arrive qu’une fois et il me semble impossible, voire insurmontable de pouvoir aimer quelqu’un d’autre que lui. Nous sommes fusionnels, c’est un amour passion et nous ne pouvons jamais rester loin l’un de l’autre…. Les gens nous donnaient trois mois de vie commune… ça fait 13 ans…..


3- Racontez un amour secret, que vous n’avez jamais raconté à personne.

J’ai eu un amour secret étant jeune. Il n’est pas resté secret longtemps, quand j’aime j’ai besoin de le montrer et je n’arrive pas à cacher mes émotions. Ceci dit, vu la situation de cette personne, il ne fallait pas trop faire de vagues et il fallait se cacher en permanence ça m’énervait….


Ca aurait pu être une belle histoire, j’admirais l’homme mais il était volage. Il avait besoin de conquêtes et il ne s’en privait pas…. Je n’aime pas partager, devant ses indécisions et ses mensonges j’ai un jour décidé de tout arrêter. Quand j’ai compris que je n’étais pas la seule, j’ai décroché vite fait, je crois qu’il ne s’y attendait pas, ça l’a bouleversé…… il a pensé me récupérer bien plus tard, mais c’était peine perdue, je venais de rencontrer Jules et plus rien d’autre n’existait……



4- L’endroit le plus insolite où vous ayez fait l’amour.

Mon pauvre Pirate, je n’ai rien de croustillant là-dessus, je ne suis pas une adepte du lave linge ni des endroits improbables. ….. La voiture reste l’endroit le plus insolite où je me suis laissé aller…. Je me souviens aussi du fauteuil confortable du bureau de mon Jules !!!!


5- Une aventure via Internet qui vous a marqué…

Je n’ai jamais eu d’aventure via Internet. Je n’arrive pas à imaginer que ça soit possible de rencontrer quelqu’un via le net et pourtant beaucoup de couples se forment de cette façon. Je peux être intriguée par des gens mais ça reste du domaine du curieux et de l’amical. Si je recherche quelque chose sur le net c’est plutôt de l’amitié et d’avoir plein de blogami(es) que je pourrai éventuellement rencontrer un jour. Je crois que si j’étais célibataire, je n’irai pas chercher quelqu’un sur le net, je laisserai faire le destin…..

samedi 5 septembre 2009

Un emprunt


Encore un message de mon ancien blog que j'ai décidé de remettre ici.....il fait partie des bons souvenirs d'enfance, ceux que l'on évoque en riant de bon coeur.....


Le Lion (mon amie d'enfance) vient d’avoir son permis, c’est trop génial, on va pouvoir enfin bouger un peu parce qu’il faut dire qu’on est ravitaillés par les corbeaux dans ce coin du Nord. Dunkerque est à 10 km et à cette époque il y a un bus le matin, un bus le soir et basta. Nos parents travaillent, pas question pour eux de faire la navette pour nous emmener où que ce soit.

Ce soir c’est décidé on se fait une sortie. Le lion a préalablement demandé à sa mère qui est d’accord pour le prêt de la voiture, donc pas de souci de ce côté là, oui oui on sera très sages, non on ne sait pas encore ce qu’on va faire, certainement aller boire un pot quelque part, Bein oui on va faire attention, le Lion est prudent pas de problème…. pour l’instant ce qui nous intéresse c’est la bagnole… à quelle heure on peut la prendre….. mais tout ça c’est sans compter avec le père du Lion, car prêter sa charriotte c’est une autre histoire….. En clair, il est pas très chaud, d’ailleurs il doit sortir lui aussi, il sait pas quand il rentrera….. ah mais pas grave, on va attendre, on a de la patience…… enfin faudrait quand même qu’il rentre pas trop tard parce qu’on a la permission de minuit, et l’heure avec mes parents ça rigole pas !!!

Le soir arrive, le père du Lion revient vers les 21 h 30, c’est parfait, il nous reste deux bonnes heures et demi, on peut se prendre un verre quelque part, ça sera une première, il faut commencer petit, après on verra……mais ça se corse… la mère du Lion est toujours ok pour la voiture, le père ne veut pas donner les clés…… mince alors, on va pas tergiverser pendant des heures, on a envie de sortir, si le lion a eu son permis c’est pas pour l’encadrer sur le mur de sa chambre mais bien pour silloner les routes du coin…… le Lion décide d’une opération d’envergure, (avec le soutien de sa mère) ......subtiliser les clés de la bagnole dans la poche de la veste de son père. Cest chose aisée, d’autant que celui-ci a décidé d’aller se coucher. En deux coups de cuilllère à pot c’est fait. Le hic, parce que bien sur il y a toujours un hic, c’est que la voiture est rangée dans le garage, qu’il va falloir la sortir et que ça va faire du bruit, donc réveiller le paternel.

- Bein on a qu’à la sortir sans mettre le moteur !!
- T’es folle, on va jamais y arriver
- Mais si, à deux ça va le faire, y suffit de pousser, tu peux pas mettre le moteur en marche, il va entendre et là c’est fini pour la sortie. T’enlèves le frein à main, et regarde on doit la pousser droite, y a pas de souci, on risque pas de l’abimer…..

Le lion est sceptique mais on a pas d’autre solution. J’ajoute que la voiture est une GS de marque Citroën, je ne sais pas si vous vous en rappelez mais c’est un veau, plus lourd qu'elle c'est pas possible, va falloir sortir nos petits bras musclés !!! Et nous voilà toutes deux en train de pousser dans la pénombre de la nuit.....
On a transpiré un max, on a poussé et encore poussé, ça devait être marrant de nous voir comme ça en train de piquer la voiture. C’était surtout très lourd, elle bougeait centimètres par centimètres. On avait de petits rires nerveux, on gloussait comme des poules, on se faisait des signes "Chut on fait trop de bruit"......

Après des efforts surhumains on a réussi à extraire la voiture du garage et à l’avancer assez loin dans l’allée pour la mettre en route. Je ne comprends toujours pas comment on a réussi cet exploit, fallait avoir une sacrée envie de sortir !!! Une fois le véhicule en marche nous avons poussé un hourra de satisfaction. Je me souviens toujours de la sensation de liberté éprouvée à ce moment là. Mon lion au volant et moi à côté partant vers la liberté !!! Puis s’en est suivi un fou-rire mémorable parce que forcément l’image était trop drôle. Je nous vois encore pousser le véhicule et nous engueuler gentiment parce que ça n’avançait pas comme il faut.

D’avoir cette voiture ça nous a grisées, mais finalement on a fait que rouler. On voulait aller boire un verre mais on a pas osé rentrer dans les cafés du port (rares cafés qui étaient ouverts à l’époque), ils avaient l’air trop glauques alors on est restées dans la bagnole à se demander où on pouvait aller, mais on avait pas bien préparé notre sortie nocturne. On a fait le tour du port, on s’est garées devant un café, puis un autre, toujours en observation....." ah non pas celui là regarde y a des drôles qui y entrent" ! et celui là… "non je crois qu’il est pas bien fréquenté", et celui là "je crois que c’est un bar à filles".... "merde on va quand même pas aller au café de la gare".... "et là tu crois qu'on peut y aller ?" "non je crois que c'est une boite de nuit, y vont pas nous laisser entrer".....on a fait et refait le tour des bassins, j’ai dit au Lion d’y aller molo, on avait peur de tomber dans l’eau et on rigolait comme des baleines. On a bien pensé aller en Belgique, à la Panne, là bas on aurait trouvé un endroit sympa, y a tout ce qu'il faut en Belgique mais l’heure tournait, ça ne valait pas le coup. Alors on est rentrées bien sagement, on a remis la voiture à sa place et le père du Lion n’a jamais rien su de notre chevauchée fantastique !!!

C’était un coup pour rien, c’était un essai, une prise en main de la voiture dirons nous…. Je peux vous garantir qu’après nous étions mieux organisées et que nous avons fait de sacrées sorties, sans vol de voiture !!!

jeudi 3 septembre 2009

Je rêve encore !!!


Je crois que j’ai toujours rêvé, le jour je m’évade dans des pensées que je choisis et qui me plaisent, la nuit je subis des rêves que parfois je n’ai pas souhaités, qui me torturent et me poussent à réfléchir et à analyser le tout dès mon réveil, parce que je reste persuadée que les rêves sont le reflet d’une vie parfois passée ou à venir…..

Parfois je vole sur un chameau ailé, nous frôlons les montagnes du désert, nous traversons les nuages, nous allons aussi vite que le plus grand des oiseaux, nous sommes très hauts, puis nous descendons, c’est une sensation de liberté totale, je suis grisée et je suis bien…..

Je ne vous parlerai pas d’un de mes derniers rêves ou j’étais témoin d’une disparition, la police venait m’interroger et les deux fonctionnaires avaient des képis dans lesquels étaient plantés de gros tournesols et des fleurs des champs…..non non, je n’avais pas consommé de substances illicites avant de me coucher !!!

Je passe sur mes cauchemars d’ascenseur fou, je pense que ce rêve là beaucoup le font. En ce qui me concerne ou il monte à toute allure et fend le ciel, ou alors il descend sans jamais s’arrêter et je guette le moment où il s’écrasera sur le sol…. Et comme je ne le souhaite pas, souvent j’arrive à me réveiller avant.

Cette nuit j’avais une belle maison, au Canada, pourquoi le Canada ? certainement parce que hier soir avant de me coucher j’ai dit que lorsque j’en aurai les moyens j’aimerai visiter le Canada…..bon, jusque là rien d’anormal….. mais j’avais une maison qui tournait, ce qui fait que chaque fois le décor était différent, j’avais face à moi la mer, le lendemain une forêt avec plein d’animaux, une biche venait me voir et j’attrapais le cheval du voisin qui s’était échappé….. puis tout à coup, j’avais face à moi un sol aride, désertique, un sol qui se craque comme ceux que l’on voit dans les paysages du Sahel…..et ça me faisait peur….

Ma maison était belle et spacieuse, de jolis meubles comme je les aime mais pourtant elle ne me ressemblait pas parce qu’il y avait un fouillis monstre. Je sortais dans la rue et je faisais connaissance avec mes voisins. Je leur parlais en hébreu et tout à coup leur disait, « ah mais non c’est vrai qu’ici vous parlez en anglais »…. Mes voisins avaient au moins 6 enfants, des petits qui se suivaient et qui traînaient dans la rue…. Je les trouvais très mal habillés et sales et je ne comprenais pas, les parents étaient impeccables et ne manquaient pas d’argent.

J’avais invité de la famille, il me semble que c’était mon frère mais je n’en suis pas certaine, il y avait surement aussi mes parents. Mon dîner était somptueux mais je n’avais pas mis les pieds dans la cuisine et Jules ne cessait de me demander pourquoi je n’allais pas dans la cuisine car c’était la pièce la plus belle de la maison.

Je lui répondais que je n’avais pas encore eu le temps d’aller à la cuisine avec notre déménagement mais que des que ma famille serait partie on irait. Je finissais par y aller, la cuisine était somptueuse, mélange d’ancien et de moderne, du marbre, du bois, de la pierre, elle était immense et je n’arrêtais pas de m’exclamer sur tout ce qu’elle contenait. Il y avait de grands vaisseliers avec de la vaisselle de toutes les couleurs…..les appareils étaient modernes et dernier cri, il ne manquait rien, de la MAP au blender, en passant par la yaourtière, la sorbetière…. Au fur et à mesure que je regardais la cuisine je commençais à découvrir des défauts, le lave-vaisselle fuyait, le tuyau d’évacuation était posé dans un seau et le débit était tellement puissant que le seau débordait vite fait, je voulais l’arrêter mais je n’y arrivais pas, il y avait un ballon d’eau chaude qui tout à coup se mettait à fuir lui aussi, d’abord du goutte à goutte puis tout à coup très fort….. puis c’est le tuyau de l’évier qui s’y mettait…. Il y avait de l’eau partout et je n’arrivais plus à l’arrêter……la pièce finissait par s’effacer, laissant place à une grange désaffectée avec pour évier, un abreuvoir….. je fuyais la pièce et me retrouvais dans le salon.

Je sentais la maison bouger, cette fois elle bougeait bien car j’avais du mal à tenir debout. Je m’asseyais sur le fauteuil pour ne pas perdre pied et me cramponnais. Jules me disait que finalement une maison qui tourne ce n’est pas si mal, on était les seuls à avoir ça.

Tout à coup devant ma baie vitrée c’était la ville de New York toute éclairée, des éclairs zébraient le ciel….. le ciel était plein d’ étoiles….. j’étais en admiration mais inquiète car cette maison qui tournait commençait à me stresser……puis plus rien…. je me suis réveillée angoissée…..

Inutile de vous dire que depuis ce matin ça cogite sec…. J’analyse….. je fais des rapprochements, bon peut-être que je devrais faire appel à Spencer Read, Derek Morgan ou encore Aaron Hotchner de la série « Esprits Criminels » dont je suis une inconditionnelle…. Je suis certaines qu’ils trouveraient tout de suite …..en attendant, vous avez une idée vous ?