samedi 29 août 2009

BRAY-DUNES



Ca ne ressemble pas à une plage huppée de la Côte d’Azur, le temps est parfois gris et à marée basse il faut parcourir des centaines de mètres avant de poser le pied dans l’eau qui dépasse rarement les 20 degrés.

Le sable est blond et fin, il file entre nos doigts et procure un plaisir tactile auquel on s’habitue vite, il s’étend sur des kilomètres et le long de dunes plantées d’oyats. On croise parfois des chars à voile ou des chevaux, quelques pêcheurs qui raclent le sol avec des filets et qui guettent une improbable pêche miraculeuse.

Lorsqu’il fait beau on aperçoit les premiers immeubles de La Panne, station chic de la Belgique. De l’autre côté Zuydcoote et Dunkerque se profilent subrepticement….

C’est une petite station balnéaire, on en parle pas, elle ne fait jamais la une des journaux et pourtant la population qu’elle abrite a le cœur chaud. Ici les gens viennent de Steenvoorde, Bethune, Hazebrouk ou encore St Omer, du Pas de Calais avec ses terrils abandonnés et ses cités minières…. le dimanche, en été, un train spécial amène toute cette population pour une journée à la mer, parfois il pleut, ils viennent quand même, c’est leur eldorado, les enfants découvrent la mer pour la première fois, ils s’y baignent même s’il fait froid.

Vous êtes à BRAY-DUNES, la ville la plus au Nord de la France, la dernière ville avant la frontière Belge et c’est là que je suis née un matin de novembre. Pas de maternité, c’est le Docteur Delmare qui me met au monde dans une petite maison de la rue Charles Pichon, la maison de mes grands-parents encore habitée aujourd’hui par mes oncles.

Mes grand-pères se plairont à me dire que je suis une vraie Bray-dunoise, et cette ville, qui ressemble plus à un village, je vais l’arpenter pendant des années. Les anciens y parlent en flamand, chez mes grands-parents on n’échappe pas à la règle et étant bercée dans cette langue je comprends tout mais curieusement je ne le parle jamais, tout le monde me parle en flamand, je réponds en Français. Encore aujourd’hui je suis incapable d’en prononcer une phrase, par contre je n’ai rien oublié…. Ne me demandez pas d’explications, je ne sais pas répondre…..

Je fais mes premiers pas d’écolière à l’école Deswarte ou j’effectuerai ma scolarité primaire. J’aime bien cette école, Je m’y fais des copines, Martine et Frédérique habitent l’Avenue du Général de Gaulle, cette avenue est grande et large, au bout il y a la digue et la mer….il y a aussi de jolies maisons…. le papa de Martine est un pêcheur, il navigue souvent, la maman de Frédérique est infirmière. Sylvie habite la même rue que moi, son papa est ramoneur, c’est une famille plein d’enfants et j’adore aller chez eux, j’aime l’ambiance et la chaleur humaine qui y règne et le soir parfois je reste manger avec eux, le papa ramène des baguettes fraîches qu’on tartine de bonnes confitures ou de pastador et on les trempe dans du lait chocolaté….. Ma grand-mère me dispute « tu ne dois pas rester chez eux le soir, c’est une grande famille avec peu de moyens, il ne faut pas qu’en plus tu te rajoutes » !!! …… Catherine habite juste à côté…. Un peu plus loin, à la limite de Zuydcoote, il y a Marc, un petit blondinet avec les dents du bonheur, son père travaille sur un remorqueur au port de Dunkerque, il fait battre mon cœur d’enfant et souvent il passe et repasse à vélo devant la maison de mes grands-parents.

Quand je vais à l’école je marche sur la voie ferrée, il n’y a plus beaucoup de trains de voyageurs à cette époque, juste une micheline qui vient de Belgique et des trains qui transportent des matériaux jusqu’à l’usine des Dunes. J’aime marcher à cet endroit même si ma grand-mère me l’interdit, c’est dangereux me dit-elle, tu pourrais te faire happer par un train.

Au carrefour il y a une boulangerie qui fait l’angle, elle est toute petite, la vendeuse s’appelle Fernande. Elle a une sacrée patience Fernande, faut dire que je suis une bonne cliente, tous les jours je fais un détour par sa boutique, en général j’ai un franc pour acheter des bonbons, à l’époque avec un franc on achète beaucoup de choses, je choisis souvent des fraises, des sucettes piquantes et tout un tas d’autres bonbons. Quand je suis sage, ma grand-mère me donne une jolie pièce de 5 Francs et là c’est Byzance, j’ai des tonnes de bonbons que je partage avec mes copines à la récréation.

Pas loin de chez mes grands-parents il y a la rue des Marins, on y joue souvent et si on va au bout de cette rue on arrive près du canal de Furnes, j’ai peur de ce canal, j’ai entendu tellement de choses et d’accidents que je n’ose m’en approcher et pourtant il me fascine. Il y a parfois des péniches qui y passent, je me plais à les regarder et à saluer les mariniers qui sont à bord. Il y a parfois des enfants et on se fait des signes. J’ai interdiction de traîner près du canal mais je brave l’interdit.

J’accompagne souvent ma grand-mère à la pharmacie, elle est en face de la boulangerie et elle fait l’angle, il y a quelques années j’y suis retournée, c’était toujours le même pharmacien, mais bien sûr, il a vieillit, il doit être à la retraite aujourd’hui. Il y a aussi un PMU où je ne mets jamais les pieds, c’est pas bien d’aller là dedans me dit ma grand-mère, il y a de drôles de gens qui boivent et qui fument !!! De temps en temps on va au cinéma, « Family ou Familia », je ne sais plus…. il est bien vieux ce cinéma, il m’arrive d’y croiser Fernande la boulangère, on est jamais plus de 20 personnes pendant les séances.

Le dimanche on va en Belgique, on part à la Panne déguster des moules frites ou encore des crevettes. Souvent je mange une pêche Melba en dessert, je trouve que les glaces en Belgique sont meilleures qu’ailleurs. Ensuite on va chez Léonidas acheter des chocolats. J’aime la boutique Léonidas, j’ai toujours envie d’acheter plein de chocolats et je me dis que lorsque je serai grande, je viendrais ici et j’en prendrais des tonnes !! Mes petites boites ne durent jamais longtemps, en général le soir il n’y en a plus !!!

En septembre il y a la ducasse, c’est la fête du village, les manèges viennent s’installer, en général ils sont sur la place de la gare et place de l’Eglise. Ce jour là ma grand-mère réunit toute la famille et on mange de bons plats du nord, ma grand-mère est une excellente cuisinière, on se régale. Ensuite je fais la quête, tout le monde me donne la pièce et ça me permet d’aller profiter des manèges. J’attrape souvent le pompon, faut dire qu’avec ma petite frimousse blonde je sais y faire, quand le forain prépare son ballon je lui jette des sourires de star, ça le fait craquer forcément.

Il y a aussi le garde champêtre, j’ai oublié son prénom mais pas son allure, il passe avec son vélo noir tous les matins devant la maison de mes grands-parents et il me fait peur…. Souvent quand je désobéis ma grand-mère me dit qu’elle va l’appeler et qu’il viendra me chercher alors la simple menace de le voir débarquer calme vite fait mes envies de bêtises.

La vie est douce là bas, l’école, les copines, le centre aéré l’été et les bonbons de Fernande…..
Quand on passe dans la rue tout le monde se salue et moi on m’aime bien parce qu’on dit que je suis une petite fille modèle et très bien élevée. Quand c’est carnaval je vais taper aux portes des maisons et je récolte toujours plein de gâteaux et de bonbons…..

Puis les grands-parents disparaissent, je ne vais plus à Bray-Dunes que pour aller sur leur tombe, le cimetière est coquet et bien fleuri. Un jour j’ai vu mon nom sur une tombe ça m’a fait un choc, faut dire que j’ai un nom bien de là bas et des Van…. y en a des tonnes.

Aujourd’hui j’ai tout à coup eu la nostalgie de Bray-Dunes, faut dire que dernièrement avec Bérangère on a évoqué le « camping du Perroquet », du coup, ça ravive les souvenirs…. il me reste le virtuel mais je ne reconnais pas la ville de mon enfance, elle s’est modernisée, c’est une ville sportive, culturelle, déformation professionnelle oblige je suis allée jeter un œil sur les écoles, ils ont mis le paquet. J’aime finalement ce que cette ville est devenue même si je ne m’y retrouve pas.

J’ai appris il y a peu de temps que Martine était décédée il y a quelques années déjà dans des conditions tragiques, son père a disparu en mer, j’ai retrouvé Frédérique sur copains d’avant, elle n’habite plus Bray-Dunes, j’ai eu des nouvelles de Sylvie par l’intermédiaire de mon oncle, je l’ai retrouvée aussi sur Copains d’avant mais elle ne m’a pas répondu, je n’ai jamais revu Marc, le petit blondinet qui me faisait craquer…..

lundi 24 août 2009

En voiture avec François




Je suis allée fouiller dans mon ancien blog et j'ai décidé de remettre de vieux messages qui me plaisent beaucoup et qui n'ont pas été commentés parce qu'à l'époque j'avais peu de traffic. J'en balançerai un de temps en temps parmi ceux que je préfère....

Pour aujourd'hui voici un fameux souvenir qui, quand j'y pense me fait bien rire..... c'est une histoire vraie...... évidemment, aujourd'hui, avec ma sagesse, je n'oserai pas !!!

Nous sommes en 1988, la campage électorale présidentielle bat son plein. A l'époque je travaille au cabinet d'un maire socialiste et nous sommes en pleine effervescence !!!

De temps en temps, l'après-midi, je monte au siège du parti socialiste pour donner un coup de main. C'est une belle époque, on a encore un idéal et j'aime les valeurs que nous défendons. J'adore les campagnes électorales, mon bureau est une vraie ruche ou s'activent tous les militants, il est le point central, le QG oserai-je dire.

Je ne compte pas mes heures, le temps n'a pas d'importance, je peux me lever à 5 h du matin pour aller coller des affiches et rentrer tard le soir après les dernières réunions, c'est ça le militantisme.... on est une bande de copains et on a la même vision des choses et les mêmes aspirations.

Cet après-midi là on me charge d'une mission, aller récupérer les affiches officielles et les emmener au siège du PS, elles seront ensuite redispatchées entre les différentes sections du département. J'ai une petite golf GTI noire, c'est la mode et je crois que je frime un peu avec ma bagnole faut bien l'avouer....allez, je suis jeune, je suis pardonnée, Quoi ? me dites pas que vous avez jamais frimé un peu vous ? ouai.... j'vous crois pas......

L'imprimeur charge le coffre avec des paquets entiers d'affiches grand format, par manque de place il en met également sur la banquette arrière. Je file vers le siège du PS, je file un peu trop vite peut-être, le compteur monte rapidement avec cette petite bombe..... je ne suis pas préoccupée par la voiture ni par la route d'ailleurs, je pense à tout ce qu'on a encore à faire avant le jour du vote, j'ai mille idées dans la tête.... il fait beau en ce mois de mai.... je chante, j'écoute France Gall....

Je me fais cueillir à la sortie d'une belle ligne droite. La maison Royco est planquée dans un coin, ils sont deux dans le comité d'accueil. Je ne suis pas fière, j'ai une trouille bleue de tout ce qui est uniforme, ça me vient de l'enfance, ma grand-mère me faisait peur avec le garde champêtre, il était pourtant pas méchant mais lorsque je faisais une bêtise elle me disait je vais t'emmener voir Lucien !!!

- Gendarmerie nationale bonjour, papiers du véhicule et permis de conduire s'il vous plait !!

J'me dis, là ma cocotte t'es mal barrée, tu vas te prendre une soufflante pour commencer et ensuite un beau PV !!! J'essaie de ne pas montrer mon trouble.... j'ai deux options, sois je fais ma blonde idiote mais quand je vois le moustachu l'air pas aimable qui me contrôle, je sens que ça va l'agacer deux fois plus alors je choisis le plan B .

- vous roulez pas un peu vite là ?

- ah bon vous croyez ? j'ai pas fait attention, faut dire que je transporte quelque chose de la plus haute importance et que je suis pressée, j'ai peut-être un peu accéleré mais franchement sans m'en rendre compte, vous savez je fais toujours très attention, je suis respectueuse du code de la route mais là, avec François dans le coffre j'avoue que je suis un peu perturbée....

Le gendarme est perplexe, il regarde son compère....

- François dans le coffre ?

L'autre s'approche de la voiture, regarde à l'intérieur et regarde son collègue d'un air interrogateur....

- François ? mais de qui parlez vous ?

- François Mitterrand bien sur, de qui voulez vous que je parle !! Il est dans mon coffre de voiture et c'est pour ça que je suis pressée, on m'attend à la section du parti socialiste et je suis déjà en retard !!!

Le gendarme s'affole, il déglutit et devient pâle....

- Vous vous moquez de moi ? ouvrez-moi ce coffre tout de suite !!

Je sors de la voiture avec un aplomb pas possible, je ne me reconnais pas, ce n'est pas moi là tout de suite..... un petit lutin diabolique vient d'entrer dans mon corps..... je ne maîtrise plus rien mais je fais semblant,..... j'ouvre mon coffre avec une assurance à en faire pâlir plus d'un !!

- voyez bien que je ne me moque pas de vous, c'est bien François Mitterrand là dans mon coffre, je dois livrer tout ça et très rapidement, vous savez ça rigole pas là bas, je suis en retard, je suis fonctionnaire comme vous moi, j'ai peur de me faire engueuler... voyez pas qu'on me vire parce que je fais pas mon travail correctement.

Grand silence... les deux acolytes se regardent, ils sont passés par toutes les couleurs, je sens qu'ils se détendent un peu.... je n'ose pas les affronter, je crois que pour eux c'est pareil. ILs se demandent à qui ils ont affaire.... est ce que je suis quelqu'un d'important, est ce que je pourrai leur causer des ennuis, est ce que si ils me verbalisent je ne vais pas faire sauter la contravention avec mes appuis politiques......

Le moustachu s'excite, je vois bien qu'il s'excite, il regarde son collègue comme pour se donner du courage, il respire un grand coup et prend un air solennel...

- bon allez, circulez, c'est bon pour cette fois mais faites bien attention hein, parce que la prochaine fois je serais obligé de verbaliser !!!

samedi 22 août 2009

13 ans


Je fais profil bas même si aujourd’hui c’est mon anniversaire, et oui, 13 ans, mais dans l’âge canin je suis bien plus vieux que ça, ils sont tous des jeunes à côté de moi !!

Je suis né au fin fond de la campagne Normande, dans un élevage du côté de Neufchâtel en Bray. Elle est venue me chercher avec mon maître un soir de novembre, pour son anniversaire. Il pleuvait des cordes ce jour là. Quand elle est arrivée j’étais avec mon frère et ma sœur. Ma sœur était réservée depuis longtemps, bien avant sa naissance d’ailleurs, faut dire qu’elle avait un charme fou. Mon frère était plus timide, plus chétif aussi, moi j’étais déjà hardi et filou.

Je crois qu’elle avait un penchant pour mon frère, parce qu’il restait dans son coin et qu’il était frêle. Du coup, il a très vite fallu que je prenne les devants si je voulais trouver une famille, alors hop, je lui ai sauté dans les bras et là elle s’est trouvée coincée.

« Je prends celui-là » a-t-elle dit, « car c’est lui qui m’a choisie »…. Et oui, voyez, déjà à l’époque j’étais un malin. Et nous voilà partis tous les trois sur la route du retour. Elle avait peur que j’attrape froid alors elle m’avait lovée sur ses genoux et enveloppé dans son manteau.

La première nuit fut difficile, je me retrouvais sans ma maman, sans mon frère et ma sœur et bien que mon panier était des plus confortables, (petite maison en mousse avec peluche pour me sentir moins seul) j’étais là dans le noir de la cuisine et ça ne me plaisait pas du tout. Ma maîtresse avait bien essayé de me monter avec elle dans la chambre mais mon maître s’était montré intraitable. Ca faisait partie des accords et des conditions pour avoir un toutou à la maison… finalement j’avais tellement pleuré qu’elle avait fini par descendre et me prendre à côté d’eux….. les mauvaises habitudes commençaient !!!

J’ai été assez vite propre et j’adorais les sorties du week-end. A cette époque mes maîtres habitaient une grange rénovée en bordure de Seine, qu’est ce qu’on était bien là bas, on avait un grand jardin et je pouvais batifoler comme je le voulais, le dimanche souvent on marchait des kilomètres au bord de l’eau et moi je pouvais les suivre sans laisse, quel bonheur.

Bon d’accord j’ai parfois fait des bêtises, la première année c’était plus fort que moi mais fallait que je me fasse les dents, j’attaquais toutes les poupées Barbie de Marianne et leur mangeait les pieds, les mains, quand ma maîtresse rentrait du travail, elle les trouvait éparpillées un peu partout dans la maison, j’aimais bien aussi le bois du lit de la chambre de mes maîtres et tous les jours j’en rognais un peu. Ma maîtresse ne comprenait pas, ce n’était pas digne d’un yorkshire, je crois qu’elle avait imaginé un « chien chien » de salon avec un nœud dans les cheveux et bien raté !!!

La première fois que je suis revenu du toilettage j’en avais un justement, on m’avait affublé d’une barrette et j’ai tout de suite détesté. Ma maîtresse avait beau me dire « oh que tu es mignon comme ça », rien à faire !!! foi de chien, jamais je ne resterai avec ce truc sur la tête…. Et malin comme je suis, j’avais vite fait de l’enlever en me frottant le long des murs….

J’étais un vrai paysan et surtout un illustre descendant des terriers, non seulement j’adorais me rouler dans l’herbe et creuser des trous mais j’avais aussi une prédilection pour le local poubelle ou j’adorais flâner, pour peu qu’il y ait un truc par terre bien poisseux, je me roulais dedans et m’en donnait à cœur joie !!!

J’avais aussi la fâcheuse manie de me sauver, oh j’allais pas très loin, je faisais ma balade dans le quartier et j’aimais ça, bien sur ce n’était pas au goût de ma maîtresse qui était dans tous ses états dès qu’elle ne me voyait plus. Elle avait peur qu’on me vole, elle avait peur que je me fasse renverser par une voiture….pfff, elle avait peur de tout…. Faut quand même bien que je vive ma vie de chien non ?

J’ai grandi, on forme une famille et j’en fais partie, je sais que j’ai ma place ici et que mes maîtres m’adorent. Moi je les aime aussi. Maintenant que je vieillis je fais moins de bêtises, mais j’en fais quand même.

Figurez vous que depuis quelques temps j’ai une fâcheuse manie, j’ose à peine vous le dire tellement j’ai honte mais si je vous le dis pas, ma maîtresse finira bien par lâcher le morceau, elle l’a déjà dit au vétérinaire et elle essaie à chaque fois de me mettre la honte mais rien n’y fait !!!

Alors voilà et bien …. Je fourgonne dans la litière du chat et je machouille ses crottes !!! oui oui vous avez bien lu…. J’suis un gros dégueu ça je le sais, elle n’ arrête pas de me le dire et je me fais engueuler, surtout quand elle me prend en flag !!! Du coup j’ai changé ma tactique, j’opère de nuit, personne ne voit rien, sauf que le matin y a les traces de mes méfaits sur le carrelage et alors là je peux vous dire que je me fais traiter de tous les noms. Du coup elle passe son temps à ratisser la litière, mais elle gagne pas à tous les coups !!!

Je deviens bien vieux quand même, j’ai des problèmes de peau, genre eczéma, alors on me fait des cures de cortisone…. Et c’est la galère, j’enfle comme une outre, mon poil est pas beau et sent pas bon du coup, on me surnomme « Poil qui pue » …. J’aime pas quand on m’appelle comme ça !!! Depuis quelques temps le problème est résolu, ma maîtresse a testé sur moi un shampoing de boue de la Mer Morte. Ca n’avait pas été testé sur les animaux et bien elle l’a fait, elle s’est dit que c’était bon pour l’homme alors ça ne pouvait pas me faire de mal… elle voulait plus que j’avale ses saloperies de médicaments car en plus ça me faisait des effets secondaires et bien gagné, je ne me gratte plus et mon eczéma s’en va…. Elle a vite fait part de sa découverte au vétérinaire….. pourquoi pas a-t-il dit !!! bon bein lui du coup il nous vendra plus ses médocs…. Ça va pas arranger ses affaires !!! ma maîtresse elle est contente de sa trouvaille, comme elle dit « qui ne tente rien n’a rien » !!!!

Depuis quelques temps j’y vois moins bien, j’ai un petit voile devant les yeux…. Bein quoi je suis vieux non ? j’ai aussi des insomnies. Je fais les cent pas la nuit et ça fait tac tac sur le carrelage, je fais les allers retour, 10, 15 fois dans la nuit… y a des moments je ne sais même plus ou j’habite….. elle râle ma maîtresse, elle râle….puis j’ai une fâcheuse manie pour la bouffe aussi, avec moi c’est l’heure militaire et mon horloge biologique ne me trompe jamais, alors midi et soir, quand j’ai décidé, je viens l’embêter jusqu’à ce qu’elle cède, j’en pleure même parfois, peut-être que je retombe en enfance, puis j’oublie que je viens de manger et je quémande de plus belle, ça a le don de l’énerver, mais elle finit par me dire, ah mon pépère tu deviens vieux……des fois quand elle est vraiment fâchée elle me dit « écoute je t’adore, mais…. Le jour où tu avaleras ton acte de naissance je serais pas fâchée, parce que par moments il faut vraiment te supporter » !!! pfff, elle est comme ça ma maîtresse, elle monte en flèche et ça retombe comme un soufflet. Dès que j’ai quelque chose qui va pas c’est direction le véto et les pleurs qui vont avec !!!

Bon d’accord j’ai plein de défauts, mais tout le monde dit que je suis un toutou adorable et gentil, un bon gardien aussi. D’ailleurs quand j’étais petit je ne supportais pas la factrice, je la bouffais toujours, elle osait plus venir jusque chez nous !! ah ah, faut dire qu’elle était moche la pauvre !!! j’avais croqué le plombier aussi…. J’en avais croqué un paquet !!! Mais ce temps là est révolu, maintenant j’aboie et je laisse rentrer…….oui j’suis une brave bête, je fais même la fête au vétérinaire quand je le vois c’est vous dire !!!

13 ans aujourd’hui !!! 13 ans vous vous rendez compte …..je me demande ce qu’ils feront quand je ne serais plus là !!!

jeudi 20 août 2009

Madame Mim


Il y a un mois, Jules a déposé un dossier à la poste pour les envois de colis et courriers effectués par notre « petite entreprise ». Le but était d’ouvrir un compte, de payer nos envois chaque fin de mois et la poste venait directement chez nous chercher les colis.

Bon d’accord, pour l’instant y en a pas des masses, mais comme nous sommes optimistes (enfin surtout le Jules parce que moi je broie plutôt du gris foncé) c’était bien de prendre les devants au cas où nous serions ensevelis sous les paquets. Puis faire les allers et retours à la poste c’est une perte de temps, faut sortir la bagnole, faire un détour parce qu’il y a des travaux partout, se casser la tête pour se garer parce qu’il n’y a pas de place et une fois dans le bâtiment, prendre son ticket et faire la queue, bref, tout ça peut parfois prendre une heure et si on peut l’éviter alors il ne faut pas s’en priver.

Lundi après-midi, nous sommes partis à pied, d’un pas alerte, sous la chaleur, un petit colis sous le bras. Je l’ai porté avec amour tout au long du chemin parce qu’il était destiné à « La Rainette » !!! Arrivés devant la poste, oh stupeur, elle était fermée, horaires d’été, à 15 heures plus personne !!! ça m’a bien énervée, du coup on s’est achetés une glace sur le chemin du retour chez un glacier qui vient d’ouvrir. On a pas tout perdu, les glaces sont excellentes et on va y retourner !!!

Le lendemain dès l’aube, nous avons repris la route, toujours avec le colis de la Rainette sous le bras et toujours à pied, heureusement d’ailleurs parce qu’il y avait un bordel monstre aux alentours et on aurait perdu un temps fou à se garer.

Arrivés au guichet, Jules a demandé des nouvelles de son dossier parce qu’il n’avait rien reçu, on lui avait dit 8 jours, ça faisait un mois !!! Et là..... oh stupeur.... On s’est demandés s’il ne parlait pas une langue étrange venue d’ailleurs, une langue d’une autre galaxie, une langue inconnue car trois paires d’yeux le regardaient ébahies. Il a fallu qu’il s’y reprenne à plusieurs fois et comme les nanas ne captaient rien il a demandé à voir la responsable.

Elle est arrivée de suite et...... rebelote, elle avait les yeux complètement écarquillés, la pupille dilatée, la bouche ouverte prête à gober la première mouche qui passerait et…. Silence complet. Elle ne captait rien !!!

Le Jules a commencé à montrer des signes d’exaspération et à monter un peu le son ce qui a alerté une fille plus jeune à l’autre bout du guichet. Ca devait être la plus intelligente du lot puisqu’elle a tout de suite compris de quoi il s’agissait et a pris les choses en main.

- tu as déposé quoi exactement ici ?
- un dossier complet pour l’envoi de mes colis
- mais pourquoi tu l’as déposé ici ?
- parce qu’on m’a dit de le faire et on m’a dit que ça serait plus rapide
- bon tu te souviens à qui tu l’as donné ?
- oui, l’employée m’a dit qu’elle était la responsable
- oui mais la responsable tu viens de la voir et elle ne semble pas au courant
- la responsable que je viens de voir n’est pas celle à qui j’ai remis le dossier
- alors ça doit être à son adjointe
- vas me la chercher
- non là tout de suite je ne peux pas elle est en pause
- bon alors écoute, je m’en fous qu’elle soit en pause, vas me la chercher
- non, tu comprends je peux pas, c’est sa pause, elle est en train de se prendre une collation
- Peut-être mais moi c’est pas mon problème, ça fait un mois que j’ai déposé le dossier, en plus personne ne comprend rien ici, je veux une réponse là tout de suite !!!
- Bon, d’accord je vais te la chercher !!

Et elle est arrivée, dans toute sa splendeur, la gueule enfarinée, la bouche pleine avec des miettes qui débordaient de partout et visiblement pas contente qu’on la dérange dans ses agapes !!

De petite taille, elle avait le cheveux court et sec comme de la paille –ça aurait été le moment de lui fourguer un de mes masques de la Mer Morte- et ça lui donnait un air vraiment revêche, le style de nana avec qui on a pas envie de copiner et qui serait parfaite dans un rôle de gardienne de prison. Elle m’a tout de suite fait penser à la Madame Mim de Merlin l’enchanteur.

- qu’est ce que tu veux ?
- Il y a un mois je t’ai donné un dossier
- un dossier de quoi ?

Et bla bla bla, c’était reparti de plus belle, les explications à n’en plus finir et j’ai cru que ses yeux allaient sortir de ses orbites.

- J’ai pas ton dossier et je ne me rappelle pas de toi !
- Evidemment que tu ne te rappelles pas de moi, tu vois tellement de monde, mais moi je m’en souviens bien, je t’ai même demandé si tu pouvais faire des photocopies parce que je ne voulais pas te laisser les originaux
- Et alors
- Alors tu m’as dit que non, il n’y avait pas de problème, tu prenais le dossier, tu t’en occupais et je serais recontacté en fin de semaine,
- Tu dois te tromper, j’ai pas ton dossier, tu ne m’as jamais rien donné
- Enfin c’est pas croyable ça, si je te dis que je me souviens de toi et que je te l’ai donné
- Bein moi je ne m’en souviens pas et j’ai pas ton dossier !!

Sur ce, Madame Mim a tourné les talons et a regagné vite fait la cuisine afin de terminer son repas. On est restés scotchés au guichet….


Je ne savais pas s’il fallait en rire, je crois que j'étais surtout très surprise de cette façon de procéder et je sentais bien que le Jules perdait définitivement patience. Du coup la jeune femme du bout du guichet qui n’avait pas perdu une miette de la conversation et qui devait certainement bien connaître la responsable adjointe et couvrir ses incompétences est revenue nous voir.

- Ecoute t’inquiètes pas je vais m’en occuper tout de suite, donne moi tes coordonnées
- Je ne comprends pas, je suis certain de lui avoir laissé le dossier, je me souviens bien d’elle maintenant,
- Laisse tomber, je vais appeler là devant toi
- Mais quand même, c’est pas croyable ça, et elle me dit qu’en plus elle a pas mon dossier
- Laisse tomber je te dis, je m’en occupe tout de suite, tu verras ça va être rapide….


Et rapide ce le fût. La fille a passé un coup de fil, donné nos coordonnées et l’après-midi même, un préposé de la poste venait à la maison, nous demandait juste les documents de notre société et nous faisait signer un contrat.


Lorsque Jules lui expliqua ce qui s’était passé à la poste, il se contenta de répondre

- c’est des incompétentes là bas, faut rien leur demander, la responsable elle ferait mieux de prendre sa retraite !!! elle a surement ton dossier et elle a du le perdre, ça serait pas la première fois…..

Et bien moi je peux vous garantir que la prochaine fois qu’on va à la poste, si c’est Madame Mim qui est derrière le guichet, je laisse ma place !!!!

dimanche 16 août 2009

La réalité est toute autre.....



Sacha fut localisé. Jules avait ratissé les animaleries de chaque quartier de la ville et dans le quartier voisin, une femme qui tenait une animalerie nous informa qu’elle avait été contactée par des jeunes qui lui proposaient d’acheter un perroquet. Ils devaient amener l’oiseau pour qu’elle le voit le lendemain matin, elle appellerait donc Jules quand les jeunes seraient là.

Tout à coup ma joie fut de retour, j’allais retrouver mon perroquet et j’allais surtout y faire bien attention, je ne le laisserai plus seul sans surveillance sur la terrasse et cette mésaventure me servirait de leçon.

J’avais hâte d’être au lendemain matin et une petite bouffé d’optimisme s’emparait de moi, mais de bien courte durée, je ne savais pas que mon mental serait mis à rude épreuve et que les mois à venir seraient semblables….

Le lendemain la dame n’appela pas, excédé, Jules se rendit à l’animalerie pour y apprendre que quelqu’un de chez elle avait du prévenir les jeunes, peut-être son fils, elle n’en savait pas plus, elle était désolée, ça allait être plus difficile maintenant, les jeunes se méfieraient, ils essaieraient certainement de vendre l’animal dans une ville voisine.

Je ne comprends pas pourquoi on a pas appelé la police, avec du recul je me dis qu’on a été trop léger là-dessus. Je pense que la gérante de l’animalerie n’a pas dit la vérité, que c’est elle qui a du prévenir les jeunes et qu’en plus elle avait certainement leur coordonnées. Elle a du s’arranger autrement….. Comment a-t-on pu passer à côté de tout ça ? Aujourd’hui je me dis qu’on était vraiment stupides.

A notre décharge je dirai qu’on était fatigués, qu’on arrivait en terre inconnue, qu’il y avait tout à faire. Il fallait installer la maison, se battre avec la boutique de meubles qui trouvait toujours une excuse pour ne pas nous livrer, il fallait en parallèle faire les démarches, aller au ministère de l’intégration, inscrire les filles à l’école, affronter les administrations pas sympas…. Parce qu’il ne faut pas croire que les nouveaux immigrants sont accueillis à bras ouverts !!! ça c’est pour la pub et seulement dans les brochures !!! Il fallait essayer de trouver nos marques……chacun avec notre personnalité différente, chacun avec notre vécu et surtout s’adapter à des règles de vie qu’on avait pas en France jusqu’à présent.

Jules parlait déjà l’hébreu, heureusement pour nous, ça a beaucoup aidé. Moi par contre à part quelques rudiments que j’avais appris à la synagogue, je ne connaissais rien, c’était donc compliqué d’entendre les autres parler et ne rien comprendre.

J’avais mes cours qui commençaient début septembre, je me disais que ça irait bien mieux après quand je maîtriserais la langue. En attendant il fallait faire avec. Je parlais en anglais quand j’avais besoin.

La maison s’est installée petit à petit, pour moi c’était le plus important, c’était l’endroit ou il fallait que je me sente en sécurité, il fallait donc que ça soit bien. Je pensais à Sacha mais je savais au fond maintenant qu’on ne le retrouverait pas. J’avais mes amies au téléphone et c’était douloureux à chaque fois, je pleurais, elles pleuraient.

Dans quelques jours il y avait la rentrée des classes pour les filles et l’oulpan (cours d’hébreu) pour moi. J’étais stressée car je savais que cette rentrée ne serait semblable à aucune autre.

Marianne devait rentrer en classe de 5 ème, elle ne retrouverait pas ses copines de collège de France, des copines qu’elle connaissait depuis son entrée en maternelle. Je me suis dit qu’elle se ferait de nouvelles copines, même peut-être dans le quartier, grâce à l’école. Mais on avait pas eu le choix de son lycée, Pour moi la logique voulait qu’elle soit dans le lycée de notre quartier, très proche de la maison mais elle avait été placée dans une classe spéciale qui accueillait les nouveaux immigrants à l’autre bout de la ville, elle apprendrait l’hébreu et de temps en temps elle serait immergée pour quelques cours dans la classe de 5 ème. Elle rejoindrait le lycée de quartier l’année d’après.

Le lycée était pourri, beaucoup de russes qui étaient là contre leur gré et qui dessinaient des croix gammées, crachaient sur les livres de la torah…. et se battaient à longueur de journée. Heureusement, il y avait quelques français avec elle et elle se ferait très vite une amie, elles ne se quitteront pas, et deux ans plus tard c’est encore ensemble qu’elles décideront de retourner dans une école française (mais ça c’est une autre histoire que je vous conterai un autre jour).

Rébecca allait faire sa première année d’école maternelle, elle se retrouverait propulsée tout à coup dans une classe de 35 petits et elle ne parlait pas un mot d’hébreu. Je me souviendrais toujours de son visage le jour de la rentrée et des pleurs. Non seulement elle devait affronter la première journée d’école qui est souvent difficile pour les petits, mais en plus personne ne pourrait la consoler, elle ne pourrait parler à personne. Se retrouver à 3 ans, dans un monde inconnu ou on ne peut pas communiquer c’est l’enfer !!! Je culpabilisais à mort, comment je pouvais lui imposer ça !!! On avait beau me dire que tout se passerait bien, que c’était comme ça pour beaucoup d’enfants, ça n’arrivait pas à me rassurer et j’ai vécu un stress terrible cette première matinée et beaucoup d’autres après car il a fallu un bon mois pour qu’elle s’habitue. Chance pour nous, une voisine qui habitait deux rues plus loin avait appris le français à sa fille, elle lui demanda donc de parler français avec Rébecca, ça apaisa un peu mes craintes.

En ce qui me concerne, je ne retrouverai pas la Mairie et mon service scolaire. J’avais tout préparé pour la rentrée et tout laissé en ordre pour mon successeur. Je ne connaîtrais pas l’affolement et l’excitation du premier jour d’école ça me rendait triste et tout à coup ça me manquait terriblement. J’allais faire mes premiers cours d’Oulpan, je pensais que ça serait super, mais là encore je me trompais. Au lieu de mélanger les différentes nationalités, ils avaient regroupé tous les français dans une même classe !!! grave erreur car du coup on ne se parlait qu’en Français entre nous et ça ne nous poussait pas à essayer de parler en hébreu.


Je me suis fait deux ou trois amies mais sans plus. Je trouvais ces gens inintéressants et je n’aimais pas du tout leur extrémisme. Ils avaient des propos auxquels je ne pouvais adhérer et d’entendre leurs conneries chaque jour ça m’énervait. Ils avaient aussi des propos contre ceux qu’ils appelaient « les goys », (un goy est un étranger, un non juif) qui me choquaient d’autant plus que moi-même je n’étais pas née juive, donc ça me touchait deux fois plus.

Au bout de 4 mois je suis partie en les envoyant tous au diable !!! Je n’en pouvais plus de supporter tout ça, trop de pression, Rébecca qui n’était pas bien, Marianne qui me racontait tous les jours les problèmes de l’école, et Jules qui ne voyait rien de mon mal être, j’étais arrivée au bout de ce que je pouvais supporter.

Le 15 décembre, je ne savais plus qui j’étais, je n’avais plus d’identité. J’étais trop juive pour être en France, trop « goy » pour être ici. Une maman d’élève était allée jusqu’à demander à mon amie Chantal (la maman d’Eden la copine de Rébecca) si j’étais vraiment juive, alors mon amie ne s’était pas démontée et lui avait répondu « bien sur, elle est ashkénaze « !!!

Pour la première fois de ma vie je n’avais plus aucun point de repère, je me sentais seule au monde et incomprise, je n’arrivais plus à communiquer. Je n’avais plus de travail, plus d’amies, j’avais l’impression de ne servir à rien, l’impression d’être une inculte car même si je commençais un peu à me débrouiller en hébreu, ce n’était pas vraiment ça.

L’avenir s’annonçait noir et triste, la déprime était là et je ne pouvais plus la cacher. Je parlais de rentrer en France, ça énervait le Jules qui lui était ici comme un poisson dans l’eau. Il se partageait entre la France et Israël. Il partait travailler, il revenait et dirigeait sa boite de la maison. Quand il partait en France, il y restait une semaine, j’étais seule ici avec les filles et les problèmes qui vont avec car vous pouvez être certains qu’à chaque fois qu’il partait, il m’arrivait une mésaventure !!! Quand il allait en France, il retrouvait mon fils, nos amis chez qui il était invité le soir. Il avait une vie sociale que je n’avais pas, il avait conservé son statut de chef d’entreprise, moi je me retrouvais avec un statut de mère au foyer. Il était chez lui ici, moi je m’y sentais comme une invitée.

J’attendais avec impatience le 20 décembre et l’arrivée de mon fils et du fils à Jules qui venaient pour les vacances de Noël, ça allait apporter une bouffée de fraîcheur dans la maison, une bouffée de bonheur et on allait pouvoir profiter pendant 15 jours….

Début janvier, Jules me mettait au pied du mur. « Tu peux partir, tu peux rentrer en France, rentre avec les filles puisque tu n'es pas bien, mais il faut que tu saches que je ne retournerai pas habiter en France, on se verra quand je viendrais pour le travail, donc c’est sans moi que tu feras le retour »…..

mercredi 12 août 2009

la fin du voyage....




J’ouvrais les yeux vers 9 h 00 le lendemain matin. Tout était calme et la pièce était baignée dans une douce pénombre. Il commençait à faire chaud et j’entendais les filles qui discutaient à voix basse dans la pièce d’à côté. Très vite je me levais, ce n’était pas le moment de traîner sur le matelas, la journée allait être longue, on avait un tas de choses à faire. Le jules était comme moi, pressé de faire le tour de la maison. En deux temps trois mouvements, nous étions tous debout pour partir à la découverte des lieux.

L’escalier semblait immense, les plafonds étaient hauts mais la première chose que je remarquais c’est que le ménage avait été très mal fait et qu’avant d’installer quoi que ce soit, j’allais devoir nettoyer. Jules râlait, argumentant qu’une personne avait passé 8 heures hier pour que tout soit propre…. Première constatation, nous n’avions pas les mêmes valeurs sur la façon de faire le ménage !!!

On regardait vite fait les chambres et les filles choisirent chacune la leur sans problème. Il restait une chambre qui servirait de chambre d’amis. La salle de bains des filles était spacieuse, aménagée d’une grande baignoire. Notre salle de bains était dans la continuité de notre chambre. Nous avions également une grande terrasse que l’on partageait avec la chambre de Marianne.

Le salon était immense et sur un niveau plus bas par rapport à la salle à manger, trois grandes marches y menait, c’était charmant. Ce qui me plaisait c’était surtout la grande baie vitrée et toutes les fenêtres qui apportaient de la lumière. Il y avait une terrasse qui partait de la salle à manger jusqu’au salon. La cuisine était grande mais les meubles pas à mon goût du tout.

On décida de prendre le petit déjeuner sur la terrasse. Jules installa le salon de jardin tout neuf qu’on avait acheté pour l’occasion et fait partir dans notre cadre. Une fois le parasol en place, on prit notre premier petit déjeuner dehors, ce fut pour nous l’occasion d’apercevoir ce qu’il y avait autour de la maison et aussi de libérer le chat qui semblait apprécier sa nouvelle demeure. Pas de danger qu’il se perde, la maison était entourée d’un petit mur et connaissant ma Lili, elle n’allait pas s’aventurer au dehors de sitôt.


Il ne fallait pas trop traîner. On avait décidé pour cette journée qu’on commencerait à s’installer, Jules irait récupérer la voiture de location, il irait à l’aéroport chercher les 13 cartons qui étaient arrivés depuis plusieurs jours et on ferait les courses. Comme on avait tous les meubles de la chambre de Rébecca, on installerait sa chambre en priorité et on viderait les cartons de la cuisine aussi. Jules passerait un coup de fil pour voir pourquoi nos chambres n’étaient pas livrées. Et on irait, dans la semaine, acheter une salle à manger et un salon.

On s’est tous mis au boulot et la matinée s’est passée très vite. Je me souviens du repas du midi. Nous n’avions rien pour déjeuner et Jules était parti à la recherche d’une épicerie où il pourrait trouver des sandwichs ou quelque chose de potable pour manger.


Il n’avait pas trouvé grand-chose dans le coin, c’était un quartier résidentiel et la première épicerie était en fait une toute petite échoppe ou il avait trouvé des pitotes, du thon, du fromage, on allait se débrouiller avec ça.

En début d’après midi, Jules prit un taxi pour aller récupérer la voiture de location et filer jusqu’à l’aéroport chercher nos cartons. Linotte était dehors allongée sous un arbre, Moïse allait et venait, Sacha était dans sa cage, sur la terrasse, je ne l’avais pas encore laissé en liberté, je voulais attendre quelques jours qu’il s’habitue.

Nous étions toutes les trois là haut occupées à installer la chambre de Rébecca, les animaux étaient en bas, Sacha sur la terrasse était le roi du monde et après son enfermement pendant des heures durant le voyage de la veille, il appréciait les joies du grand air et de la chaleur, il se laissait même aller à de petits cris. Je me disais qu’il allait pouvoir profiter chaque instant et qu’il serait souvent dehors, vu le temps ici, ça ne serait que du bonheur pour lui.

Rébecca s’extasiait en ouvrant les cartons, elle découvrait des joujoux qu’elle avait oubliés et qui tout à coup lui revenaient en mémoire. C’est vrai que la plupart de ses affaires avaient été empaquetées depuis deux mois, pour elle c’était tout nouveau de tout redécouvrir.

Au bout de deux heures, tout fut installé, le lit était fait. Il fallait juste accrocher les décorations au mur, c’est Jules qui s’en chargerait. Mission accomplie, on avait reproduit la chambre de France, ici, sur la terre d’Israël…..

Les filles bricolaient maintenant dans la chambre de Marianne, sa chambre ne serait pas livrée aujourd’hui, elle n’était pas prête tout simplement alors qu’elle avait été commandée depuis deux mois !!! je râlais et culpabilisais en même temps, Rébecca était installée et pas Marianne…. On nous avait assurés que le matelas serait livré le lendemain matin. Elle avait encore une nuit à passer sur les couettes !!! Notre chambre qui avait été commandée en même temps serait livrée dans la semaine…..décidemment, ça ne se déroulait pas comme prévu !!

Je descendais pour me désaltérer et en regardant vers la terrasse j’eu tout à coup un gros choc. Je n’apercevais plus la cage du perroquet. J’ai d’abord cru que je rêvais et je me mis à courir sur la terrasse. Il y avait bien le pied de la cage mais plus la cage. J’eus un passage à vide, comme si je ne me souvenais plus de rien. Peut-être que j’avais remis la cage dedans…. Je rentrais bien vite, fit le tour de la maison mais non….. en quelques minutes je compris tout de suite qu’on m’avait volé mon perroquet, mais comment était-ce possible. Je n’en revenais pas, je regardais le mur, j’avais le palpitant qui battait à 100 à l’heure, j’étais choquée.

Je sortis bien vite de l’enceinte de la maison, je regardais partout, mais personne aux alentours. Je ne comprenais pas, le chien n’avait pas aboyé, lui qui toujours donnait l’alerte. C’est en pleurs que j’appelais Jules qui revenait de l’aéroport la voiture chargée à bloc. En m’entendant il eut peur, et me demanda de me calmer, essayant de me rassurer et me disant qu’on allait tout faire pour retrouver Sacha.

Je n’en revenais pas, quelqu’un avait sauté au dessus du muret qui était quand même à une certaine hauteur, avait enlevé la cage de son pied et était repassé de l’autre côté avec le perroquet. Je n’avais rien vu, je n’avais rien entendu, le chien n’avait pas aboyé…. Une histoire de fou, j’avais l’impression de devenir cinglée.

Il me fallu un certain bout de temps avant de retrouver mes esprits. Les filles étaient comme moi désolées et en pleurs aussi. Elles sortirent pour voir si elles ne pouvaient pas avoir des informations et Marianne trouva bien vite l’endroit où le voleur était passé, un endroit ou le bougainvillier était tout aplati.

On en déduit bien vite qu’ils devaient être deux, un qui avait sauté le mur, attrapé la cage et l’avait passé à l’autre qui était resté de l’autre côté.

Je m’en voulais, pourquoi je l’avais laissé dehors, c’était de ma faute, j’aurai du le rentrer avec nous mais il était tellement heureux en plein air. Peut-être que si je l’avais laissé en liberté ils n’auraient pas oser l’approcher, il ne se serait pas laissé faire, il avait une fois fait un trou dans la main de mon père qui avait simplement voulu le caresser.

Mon pauvre Sacha, lui que j’avais apprivoisé jour après jour, mois après mois, doucement mais sûrement..... il m’en avait fallu du temps, je n’avais jamais baissé les bras, ce fût un travail de longue haleine et la première fois qu’il nous avait dit bonjour quelle joie, quelle victoire. J’avais commencé ensuite à lui apprendre d’autres mots, petit à petit..... lorsque je partais travailler je lui laissais la radio pour ne pas qu’il se sente seul et pour qu’il enregiste de nouveaux sons. Il imitait le chat et le chien à merveille tellement bien parfois qu’on s’y méprenait.

Mon pauvre Sacha, j’étais attachée à lui, il faisait partie de notre famille. Je n'avais jamais imaginé tenter l'aventure sans l'emmener. C’est un animal singulier vous savez un perroquet, mais tellement intelligent et intéressant..... oh non je ne pouvais le croire, Il avait fait une si longue route et il n’avait pas bougé, il avait été d’une sagesse exemplaire et voilà qu’il terminait son voyage de cette façon. Jamais plus il ne me dirait « il est beau Sacha !!! » non non, c'était impossible qu'on me l'ait volé, y il avait sûrement une explication.... on allait le retrouver....c'était trop injuste, ça ne pouvait pas nous arriver, pas maintenant alors qu'il n'y avait même pas 24 heures que nous étions en terre promise !!!

Mon chagrin fit bien vite place à la rage, et cette rage ne me quitterait pas de sitôt.

samedi 8 août 2009

Naissance

(le site est sous la photo)

Après des mois de tergiversations, d'envoi de documents, d'écriture de textes, de recherche de photos, de rendez-vous de travail, avec au bout du compte "faire, défaire, refaire"....

Après des mois de stress, d'énervement, d'envie de tout bazarder, de disputes, de cris et parfois de pleurs....

Après 15 jours de travail intensif parce que le site était livré mais pas terminé et qu'il fallait mettre les bouchées doubles....

Après des heures et des heures passées dans la chaleur à se demander ce qu'on faisait dans cette galère et en se disant qu'on aurait été bien mieux, dans sa mairie derrière son bureau. Des heures à se demander comment on pourrait bien mettre telle information en ligne parce qu'on avait pas vraiment eu de formation, des heures à douter et à avoir envie de tout laisser tomber....

J'ai le plaisir de vous informer de la naissance de

REBECCA COSMETIQUES
gestation très longue et enfantement dans la douleur


Voilà, le site est en ligne depuis cette nuit, n'hésitez pas à y entrer, vous y serez chez vous, faites le connaître autour de vous, un bon coup de pub ça ne fait pas de mal et c'est le bouche à oreille qui marchera le mieux.

Pour celles qui veulent mettre mon logo sur leur blog pas de problème, contactez-moi et je vous enverrai la photo. Le blog sera vivant, chaque mois il y aura des promotions spéciales, un nouveau dossier et les fameux conseils de Rébecca qui teste continuellement de nouveaux produits pour vous.

Je n'ai pas réussi à faire des promotions croisées ni les promotions style "2 produits achetés, 1 gratuit", mais j'y travaille !!! Quand le site commencera à bien marcher il y aura aussi des cadeaux offerts. Le jour où l'on pourra offrir un voyage à la Mer Morte pour deux personnes, ce sera la consécration et le pari gagné pour nous.

Voilà, les objectifs sont fixés, j'espère qu'on les atteindra, on fait tout pour, on y croit et je pense qu'on le mérite.









vendredi 7 août 2009

AUCUN SENS



Ce que je vais vous raconter n’est pas une fiction mais une histoire vraie qui m’est arrivée ce matin. Ce n’est pas la fin du monde et peut-être que ça ne vaut même pas la peine que j’en parle sur mon blog. Pourtant c’est un témoignage et ça relate bien de ce qui se passe ici tous les jours.

Je crois qu’il est important que vous le sachiez parce que vous me connaissez, vous savez que malgré mes nombreux défauts je suis avide de justice et que je suis plus que tolérante, vous connaissez aussi mon attachement à la paix, même si je ne veux pas que celle-ci se fasse à n’importe quel prix et surtout pas en bradant la terre d’Israël. Vous savez que pour moi une couleur ou une religion n’a aucune importance, ce qui compte c’est l’homme et je fais fi de tout le reste.

J’habite une petite rue de Yaffo en apparence tranquille. Elle est bordée de bougainvilliers et de vieilles maisons de pierre. Elle est calme et en sens unique. Le problème c’est qu’elle n’est pas en sens unique pour tout le monde et certains n’en n’ont que faire du gros panneau « sens interdit » qui se trouve au bout.

Tous les jours il y a bien 7 ou 8 voitures qui empruntent ce sens interdit, à une allure folle et qui peuvent, à tout moment, créer un accident avec une voiture qui arriverait en face, surtout qu’il n’y a pas de visibilité ou encore renverser un enfant qui serait dans la rue. Les gens qui prennent ce risque ce sont toujours les mêmes, les arabes de Yaffo, parce qu’ils ont décrété qu’ici il n’y a pas de loi et que les sens interdit ne sont pas pour eux.

Bien souvent je vois des voitures qui arrivent face à face et bien souvent ce n’est pas celui qui est en tord qui recule. Je me suis toujours dit que si ça m’arrivait je ne reculerai pas, il a des règles qu’il faut respecter et celui qui doit faire marche arrière, c’est celui qui n’a pas respecté cette règle.

Ce midi nous revenions du marché, j’étais au volant parce que le Jules n’a pas réglé son histoire de permis (pour celles qui me suivent depuis longtemps vous vous souvenez certainement de mon billet sur l’autre blog qui expliquait que son permis était bon jusqu’à mi juillet), donc je fais le chauffeur. La semaine prochaine il ira payer son solde de contraventions et récupèrera de ce fait son permis !!!

Je vais pour m’engager dans ma petite rue, j’entame le virage et là, face à face avec une grosse bagnole de marque BMW -et pas la plus petite-, avec dedans trois olibrius aux mines vraiment patibulaires. Le chauffeur me fait signe de reculer, alors là je me dis « mon coco tu rigoles, je ne vais pas broncher » et le Jules au même moment me dit, tu ne bouges pas. Je fais signe au mec de reculer mais il ne veut pas. Du coup le Jules sort de la bagnole et je le vois parlementer avec les trois autres. Il leur dit que c’est à eux de reculer, qu’ils sont dans un sens interdit et qu’on est dans notre droit. Je les entends s’engueuler en arabe, du coup, la couleur est annoncée.

Jules remonte dans la voiture et on attend, le chauffeur continue à me faire des signes de dégager. Ca m’énerve, du coup je sors de ma voiture et je vais le voir. Jules arrive à la rescousse car il a déjà bien senti la nervosité du trio.


Il y a là trois mecs dans la bagnole, le chauffeur une trentaine d’années, son passager avant un peu plus jeune, et un blanc bec derrière qui s’agite comme une marionnette. En fait on a affaire à trois branleurs dans toute sa splendeur. Chevalières en or, bijoux voyants autour du cou, tee-shirts griffés de marque….. et têtes à claques.

Je ne me démonte pas et je lui dis que c’est à lui de bouger parce qu’il est dans le sens interdit. IL me regarde et me dit :

- t’es française toi ?
- oui
- alors t’as pas compris qu’on est à Yaffo ici ?
- et alors ?
- et alors, à Yaffo il n’y a pas de loi, on fait ce qu’on veut alors tu vas bouger
- non je ne bougerai pas !!

Le mec qui est à l’arrière sort de la bagnole et le Jules lui parle en arabe donc je ne comprends pas. Je vois tout à coup le mec qui veut attraper le Jules. Moi pas trouillarde pour un sou, je le repousse et je dis au Jules de se calmer.

Je continue à parlementer avec le chauffeur. Je crois qu’il est un peu surpris qu’on lui tienne tête, surtout une nana et déjà des gens commencent à arriver, alertés par les cris. Du coup le mec se ravise mais avant de partir il nous dit :

- Vous ne savez pas qui je suis, vous allez voir, vous allez avoir affaire à moi je vous le promets
- Tu ne sais pas qui je suis lui dit le Jules, fais gaffe que ça soit pas toi qui ait affaire à moi !!!!

Le mec démarre en trombe, monte légèrement sur le trottoir pour passer, heureusement que je me pousse car l’autre à l’arrière donne un coup de portière pour me renverser.

Mais l’histoire ne se termine pas là, entre temps, derrière eux, il y a une autre voiture qui est arrivée et cette voiture je la connais bien parce que le mec habite la rue voisine et que tous les jours il passe dans le sens interdit, des fois jusqu’à 5 fois.

Jules lui dit gentiment de se reculer parce qu’il est dans le sens interdit. Il ne veut pas reculer, même discours, on est à Yaffo ici et il n’y a pas de lois. J’ai maintenant deux voitures qui attendent derrière moi et il y a des gens qui arrivent pour voir ce qui se passe et d’autres aux fenêtres.

Le mec dans la bagnole qui est lui aussi un arabe, (bein oui je le fais pas exprès ) commence à s’énerver et tout à coup dit ce qu’il ne fallait absolument pas dire.

- Sales Français, fils de pute, rentrez chez vous, ici ce n’est pas votre pays

Je vois le Jules l’attraper à la gorge, du coup je saute sur le Jules pour le calmer et les gens qui sont là aussi. Le mec est pas content du tout, il bouge sa bagnole, fait mine de rentrer dans la mienne, il s’arrête plus loin et arrive avec une énorme matraque.
Il me menace et je ne bouge pas et menace le Jules qui malgré la matraque avance vers lui. Il est dans une colère et il hurle qu’on est des français de merde et qu’on doit rentrer en France parce qu’ici c’est pas chez nous !!!

Un voisin me dit de tout de suite bouger ma voiture, on ne sait jamais et d’aller la mettre dans le garage, je m’exécute. Entre temps la discussion bât son plein et pour le coup, toute la rue est alertée.

Jules sort son plus beau langage fleuri en arabe et en hébreu et d’ailleurs je ne sais même pas ou il a appris tout ça…Les mecs le tiennent pour éviter la bagarre. Mes deux voisines du bas viennent me voir et me disent que c’est toujours comme ça et qu’ils n’ont pas l’habitude que quelqu’un leur tienne tête.

La voisine de la maison d’en face à eu le malheur en septembre de leur dire qu’ils étaient en sens interdit, qu’ils roulaient trop vite et que c’était dangereux parce qu’elle avait des enfants en bas âge, ils ont menacé ses enfants et pour lui faire peur, ils sont venus casser sa porte d’entrée à Kippour.

Une discussion s’ensuit dans la rue. Les gens disent à Jules qu’il ne faut rien dire, parce que c’est dangereux et que de toutes façons ça ne changera rien, c’est toujours comme ça, ils font la loi ici, ils considèrent que Yaffo c’est à eux et que ça ne fait pas partie d’Israël, c’est un état dans l’état et les lois c’est eux qui décident. On ne peut rien dire parce que si on la ramène on aura des représailles alors il vaut mieux se la fermer.

Bien sur Jules n’est pas d’accord, on est à Tel-Aviv ici, on est pas sur un territoire occupé, ils sont israéliens comme nous, ils doivent donc se plier aux lois israéliennes et si les gens de la rue étaient un peu moins trouillards et ne se laissaient pas faire, peut-être qu’ils la ramènerait moins !!!

Je suis rentrée même pas effarouchée, c’est après en y réfléchissant à deux fois que je me suis dit que quand même on jouait avec le feu, mais bon on ne se refait pas, je crois qu’on a des caractères forts et qu’on ne veut ni se laisser faire, ni se laisser impressionner. On était bien conscients avec le Jules que s’ils étaient sortis tous les trois de la bagnole on aurait pas fait le poids.

Enfin, en attendant, ils nous cherchent, cet après-midi je les ais vu passer trois fois dans la rue au ralenti. Forcément ils finiront bien par nous trouver, des français y en a pas des masses ici. Au mieux, ils nous cassent notre bagnole, au pire ils nous foutent sur la gueule et dans le cas extrême on se prend un coup de couteau…..

Pour la bagnole et bien j’ai trouvé la solution, on la laissera dans le garage même dans la journée et même si on doit sortir plusieurs fois, mais pour le reste ma foi….. je vois pas trop….. J’ai dit à Jules de faire attention quand il sortira le chien ce soir tard, on ne sait jamais….

J’étais en train de penser que depuis 7 ans que je vis ici, ça fait bien la 7ème fois qu’on se fait agresser verbalement avec menaces de coups et représailles. Si mon histoire devait être relatée au JT de 20 heures, on dirait que des salopards d’Israéliens ont encore provoqué des palestiniens.

Quand on fait une moyenne finalement c’est pas si grave…. Une fois par an……y a pas mort d’homme, enfin pour l’instant, allez savoir vous, je vais bien finir par m’en manger une un de ses quatre….. et je continue de croire que la paix est possible….. enfin….là pour le coup…. Je ne sais plus trop…..

mardi 4 août 2009

Destination finale



Le voyage se déroule calmement, aucun des animaux ne se manifeste. Linotte la chatte est complètement assommée par le médicament, Moïse est sage et apprécie d’être avec nous car l’effervescence de ces derniers jours, les cartons et les valises ne lui laissaient rien présager de bon et peut-être qu’il avait peur de ne pas être du voyage, quand à Sacha le perroquet, il a le sifflet coupé depuis notre départ.

J’essaie de faire le vide et de ne penser à rien. Je ne veux surtout pas me poser de questions car je sais que ça va me stresser. Je préfère me laisser porter par les évènements mais je sens déjà que ma vie prend une autre tournure et se dirige vers quelque chose que je ne maîtrise pas vraiment.

J’ai beau essayer, je n’arrête pas de penser à ce que je laisse derrière moi. Je regarde Rébecca qui s’est assoupie et je me dis que je l’emmène vers l’inconnu… est ce que j’ai le droit de lui imposer ça ? il en va de même pour Marianne, elle a laissé ses copines en France, il y a son père aussi là bas… est-ce normal de la priver de tout ça ? et mon fils…je suis une mauvaise mère, je l’abandonne…..

Mais l’heure n’est plus aux questions, il fallait y penser avant, nous avons pris cette décision tous ensemble, nous n’avons rien imposé à personne sauf peut-être à Rébecca qui est encore trop petite pour donner son avis, il faut maintenant aller de l’avant et essayer de se reconstruire une nouvelle vie sur cette nouvelle terre dont j’aperçois au loin les premiers contours….

Il est presque 21 heures lorsque nous foulons le sol Israélien. Je suis trop stressée pour avoir une émotion, c’est maintenant que l’aventure commence, en cet instant précis, c’est maintenant que ma vie va changer, il est 21 heures, nous sommes le 5 août 2002, dans quelques instants je vais être Israélienne.

Dès notre descente d’avion, nous sommes attendus par une personne qui nous emmène à l’étage de l’aéroport. Nous ne sommes pas passés au contrôle des passeports et ne récupérons pas nos bagages. L’équipe chargée d’accueillir les personnes qui font leur aliyia s’occupe de tout. A mon grand regret je dois laisser mes trois cages en bas, ça me stresse un peu mais on me rassure qu’elles seront surveillées et que je n’ai rien à craindre.

Nous ne sommes pas seuls là haut, il y a des gens qui arrivent d’autres pays. Nous sommes à peu près une trentaine de familles. Il y a des sièges pour s’asseoir, il y a des boissons, des gâteaux et des sandwichs. Je force les filles à manger un peu, je ne sais pas combien de temps on va rester là haut, on a surement un tas de documents à remplir.

Les familles sont appelées une par une, il y a un énorme guichet et trois personnes en tout pour gérer les dossiers. On va attendre un peu plus d’une heure avant d’être appelés, je pense à mes animaux en bas, ça fait plus de 08 heures que le chien est en cage et exactement 12 heures pour le chat et le perroquet. Rébecca commence à montrer des signes d’impatience et de fatigue aussi.

Notre tour arrive enfin, il ne reste plus grand monde, on nous fait remplir des documents, on nous explique brièvement que dans les jours qui suivent on doit aller ouvrir un compte en banque (pour nous c’est déjà fait, on est venus en avril et on l’a ouvert) on doit aussi aller au Ministère de l’intégration pour recevoir une carte d’identité Israélienne et un « Mahavar » qui ressemble à un passeport, c’est un laisser passer qui nous permettra d’entrer et de sortir du pays et au bout d’un an on recevra notre passeport définitif.

A partir de ce moment on nous informe que nous avons les mêmes droits que les israéliens. On nous donne une somme d’argent en liquide et dans quelques jours une autre sera virée sur notre compte, cette somme est basée sur le nombre de personne qui compose la famille et on bénéficiera de plusieurs versements. Cette dotation est sensée nous aider dans le démarrage de notre nouvelle vie. Chaque nouvel émigrant en bénéficie. On touchera des allocations familiales, on ne paie pas d’impôts pendant 5 ans, on a des prêts spéciaux en tant que nouvel émigrant, on a un apprentissage de l’hébreu gratuit, on bénéficie de la gratuité des soins pendant 6 mois et on doit aller s’inscrire rapidement dans une caisse d’assurance maladie privée, celle de notre choix.

Une fois tout le monde répertorié, on nous indique l’endroit où on peut récupérer nos affaires et un taxi nous attend en bas pour nous emmener chez nous, les frais de transport sont payés.
J’ai hâte d’arriver à la maison maintenant. Une maison que je ne connais pas et que j’ai vue en photo sur Internet seulement, on devra d’ailleurs dès le lendemain aller signer les papiers pour la location et payer des loyers d’avance. La clé a été mise dans les plantes près de l’entrée. Je commence à stresser, et si la clé n’y était pas ?...

C’est un petit camion qui nous a été réservé, avec nos bagages il fallait bien ça !!! on prend la route, direction Ashdod, ville à 35 kilomètres au sud de Tel-Aviv. J’ai l’impression qu’on arrivera jamais, il fait nuit noire, il est presque minuit, Rébecca ne tient plus et le chat pousse des miaulements à nous déchirer les tympans.

On est tombé sur une nouille, le chauffeur de taxi ne sait pas s’il doit prendre la sortie nord ou Sud, ce n’est pas nous qui pouvons lui indiquer. Il se décide à prendre le sud, c’est la bonne sortie heureusement, mais on va beaucoup tourner car il ne connaît pas du tout Ashdod et on ne lui est d’aucune aide. On essaie de reconnaître la maison par rapport à la photo mais ce n’est pas évident. Notre maison est située dans le quartier de Tet Vav, c’est un quartier résidentiel où il n’y a que des pavillons et des ronds point qui se ressemblent tous…. Il finira par demander à un passant et à minuit passés de 45 minutes, on est enfin devant la porte d’entrée et on trouve la clé…. Ouf on est sauvés !!!

L’électricité fonctionne mais il n’y a pas d’ampoules, seule la lumière de l’escalier marche, c’est pas vraiment pratique…..la maison semble immense, elle fait 250 mètres carrés. Au milieu de la pièce qui sera plus tard notre salle à manger, il y a notre cadre qui est arrivé trois jours plus tôt et qui a été réceptionné par des amis. Je prends bien vite le matelas du lit de Rébecca que je monte. Première surprise, nous avions commandé deux chambres qui devaient être livrées et installées pour notre arrivée…. Elles ne sont pas là. Il y a bien un matelas double dans notre chambre mais c’est tout !!! Je retrouve bien vite mes cartons de couettes, d’oreillers et mes cartons de draps, j’improvise un lit pour Marianne avec toutes les couettes empilées les unes sur les autres.

Nous avons un frigidaire dans la cuisine que nous avons acheté au mois d’avril, il a été livré la veille, nous avons demandé à une cousine d’y mettre des boissons fraiches et tout ce qu’il faut pour le petit déjeuner du lendemain matin. Tout est ok, il y a de l’eau, des jus de fruit, du beurre, des yaourts, de la confiture, déjà un stress en moins. Je fais boire Rébecca et bien vite je la mets en pyjama et la couche…. 5 minutes plus tard elle dort déjà.

Je m’occupe ensuite de mes animaux et délivre bien vite Linotte, seul problème je ne peux pas la lâcher dans la nature, elle ne connaît pas l’endroit et je ne veux pas prendre de risque, la question se pose, comment va-t-elle faire ses besoins…. Je n’ai pas le temps d’y réfléchir, la pauvre bête se lâche dès la sortie de sa boite, elle n’en pouvait plus…. Il est maintenant plus de deux heures du matin, les filles dorment profondément.

Je nourris mes animaux, un grand bol d’eau afin qu’ils puissent s’hydrater et je sors un petit sac de croquettes que j’avais stocké dans un des sacs de voyage ainsi qu’une boite pour le chien. . J’installe Sacha dans une cage neuve qui est arrivée quelques jours auparavant avec le déménagement.

Il est presque trois heures quand nous allons nous coucher. Nous sommes sur notre matelas, la pièce est vide. Le chat repu vient dormir près de moi, le chien se met près de jules. Je pensais que je n’allais pas savoir dormir mais je m’endors d’un coup, harassée par cette longue journée. Je pense déjà à tout à l’heure quand je vais me réveiller. Il va faire beau, on va pouvoir s’installer, on va découvrir la maison…. Je m’endors sur une note d’optimisme…. La première depuis mon arrivée….. je ne sais pas que le lendemain après-midi il y aura déjà un premier drame dans la maison, un drame qui va me marquer et qui va me faire démarrer très mal dans ma nouvelle vie..... (à suivre).....






dimanche 2 août 2009

Le départ


Nous avons rendu les clés du pavillon hier en fin d’après-midi, nous avons dormi chez nos voisins qui sont aussi devenus nos amis et j’entends déjà la voiture d’une autre amie qui arrive avec son mari. L’ambiance était tendue ce matin au petit déjeuner, on a parlé de tout et de rien, comme si on ne voulait plus penser…… dans une heure nous prendrons la route pour l’aéroport.

Mon fils nous rejoint rapidement, nous sommes à la recherche de la chatte qui visiblement ne veut pas se montrer, nous avons essayé de la garder à l’intérieur depuis hier soir mais elle poussait des hurlements terribles, comme si elle sentait que quelque chose d’inhabituel allait arriver, alors, de guerre lasse, nous l’avons laissée sortir, il serait temps au moment opportun de l’attraper.

Sa caisse de transport est prête, j’ai aussi des médicaments pour l’endormir, le voyage va être long pour cette pauvre bête car même s’il n’y a que quatre heures d’avion on sait qu’à l’arrivée il va y avoir un tas de papiers à remplir et qu’elle ne pourra sortir de sa prison qu’une fois arrivée dans la maison. J’ai deux autres boites de transport, une pour Moïse le chien et une plus petite pour Sacha notre perroquet.

Je tourne comme un lion en cage, cette fois-ci on y est et il n’est plus question de reculer, je ne sais pas si je réalise, j’ai l’impression de me laisser porter par les évènements, comme si ce n’était pas moi mais quelqu’un d’autre….

C’est un convoi de 4 voitures qui nous attend, il faut bien ça pour contenir tous nos bagages, nous avons un cadre qui est parti par la mer il y a trois semaines avec quelques meubles et objets auxquels nous tenons, la chambre de Rébecca qui vient d’avoir trois ans et qui aura besoin de retrouver ses repères mais pas grand-chose finalement car nous avons décidé de racheter des meubles sur place. Il y a 8 jours nous sommes allés à Paris pour faire partir 15 cartons qui sont déjà arrivés à l’aéroport Ben Gourion. Ce matin nous embarquerons une dizaine de cartons et 8 valises.

Je me retourne une dernière fois avant de monter dans la voiture et je regarde la petite maison que je laisse, une maison si paisible derrière laquelle paissent des moutons. Je m’attarde sur les fleurs qui sont écloses et dont les couleurs vives subliment le jardin. Je ne verrai plus la fumée sortir de la cheminée par grand soir d’hiver. Je jette un dernier œil au sapin que j’ai planté pour le premier Noël de Rébecca, il restera la seule trace de notre passage ici et déjà la nostalgie m’envahit.

Les visages sont graves, on ne parle pratiquement pas durant tout le long de la route, peut-être pour préserver les derniers instant et plus on approche du point de départ, plus la tristesse nous envahit tous.

A l’aéroport nous sommes l’attraction, à l’enregistrement l’hôtesse est horrifiée par notre barda, mais ne dit rien, elle va prendre son temps pour effectuer notre enregistrement, nous sommes des clients un peu spéciaux et avons le droit à toutes les attentions.

Très vite des gens viennent nous voir et nous féliciter « alors c’est vrai ce qu’on dit, vous faites votre aliyia, mazal tov » !!! Nous sommes les seuls ce jour là à être candidats pour la grande aventure, il y a des yeux admiratifs, il y a des sourires perplexes, des regards interrogateurs et des gens qui ne se gênent pas pour nous dire que l’on est fous, partir en pleine intifada c’est du suicide.
Nos amis vont nous accompagner jusqu’au contrôle des passeports, ils ne pourront pas aller plus loin. Les adieux sont déchirants et je réalise tout à coup que je laisse là mon fils, il a à peine 19 ans et je l’abandonne. IL me rassure, de toutes façons on se voit en décembre, il vient nous voir c’est sûr, lui aussi il aime Israël mais sa vie est ici, il doit terminer ses études et c’est ici que vit sa petite amie.

Dans l’avion ils ne veulent pas accepter les trois cages, ils veulent mettre le chat en soute, c’est hors de question, je ne veux pas, je veux que l’on soit tous ensemble, déjà le stress et le doute m’envahissent et Jules le sent bien, alors il se fait médiateur, l’hôtesse appelle le commandant de bord qui accèdera à notre demande ayant appris qu’on faisait notre aliyia, on gardera nos animaux près de nous mais à des places différentes, question de sécurité nous dit-il…. Je me retrouve donc à côté de Rébecca avec le chat, Jules une rangée au dessus avec le chien et Marianne à ma droite avec le perroquet.

Lorsque l’avion décolle je regarde une dernière fois la terre de France, cette terre où je suis née, je suis tout à coup prise de panique, et si je ne la revoyais jamais ? …. je m’en vais vers l’inconnu, vers un pays où je ne suis allée qu’en vacances, je m’en vais vers un ailleurs, je m’en vais recommencer une autre vie, j’ai 39 ans, j’emmène avec moi un mari, deux enfants, un chien, un chat et un perroquet !! (à suivre….)